Essence politique du Christianisme
- Sauf Jean (dont l'évangile et l'apocalypse – écrits en grec - ont été "importés" après les pauliniens au début du 2ème), les trois évangélistes synoptiques pauliniens (Marc, Matthieu et Luc) portent des prénoms non hébreux :
- Markos n'a pas de signification particulière, mais pointe vers une vieilles peuplade germanique ; Martikos désigne celui qui est "dévoué au dieu Mars" et le latin Marcus indique le "marteau".
- Mataios signifie "vain, inutile" en grec ; en hébreu, on trouve Mat'a-Yah : le "lieu de Dieu" ou Mathyah : "déviation" ou Maty : "ma mort".
- Lukas indique un rapport, en grec, avec le "loup", et en latin avec la "lumière".
- "Voici, je t'envoie mon messager pour frayer ton chemin (...) le chemin du Seigneur (...)". Tout commence avec une citation d'Isaïe, le seul prophète juif réellement messianiste de tout le canon juif, mais qui est le point d'ancrage de tout le christianisme dans la Bible hébraïque ... alors que, pour la tradition juive, Isaïe est un prophète secondaire et marginal, excentrique et excentré, dont le canon aurait très bien pu se passer : le Judaïsme n'est en rien messianiste !
- Vient ensuite le baptême de Jésus (un prénom bien juif Yéhoshou'a qui signifie, en hébreu : "YHWH sauve") par Jean (Yo'hanan en hébreu). Jean-le-Baptiste est un dissident de l'essénisme, une secte juive mystique et en rupture par rapport à l'orthodoxie mosaïque du Temple (appelé le "lévitisme") ; c'est l'essénisme qui est l'inventeur du baptême spirituel de tous ses membres par l'eau. Pour le lévitisme, l'eau dans la mer d'airain, sur le parvis du Temple, sert à la purification des officiants (Lévy et Cohen) avant tout sacrifice. Après ce baptême de Jésus, la voix divine résonne pour adouber "le Fils" et la Colombe de l'Esprit descend sur lui.
- Les quarante jours de Jésus dans le désert (entre "bêtes sauvages" et "anges") ne figurent là que comme symbole des quarante années de Purification du peuple hébreu dans le désert entre la Révélation du Sinaï (suite à la Libération pascale des esclavages antérieurs) et l'entrée dans la terre de la Promesse où "coulent le lait et le miel".
- A Capharnaüm, le jour du Shabbat, Jésus va à la synagogue ... ce qui indique qu'il est pharisien (ce sont les pharisiens - les Péroushim, les dissidents populistes du lévitisme élitaire - qui ont inventé les rites synagogaux et le statut rabbinique). Par la suite, Jésus ne cessa de prêcher sa "bonne parole" dans les synagogues : il s'adresse donc au peuple, illettré et ignare, qui n'attend nullement une quelconque "Connaissance", mais uniquement une résolution de leur difficulté de vivre leur quotidien et d'exorciser leur peur de la mort. Le christianisme naîtra sur ce fond d'assistance psycho-sociale aux couches populaires. D'emblée, le christianisme de Jésus se révèle n'être qu'une idéologie socialo-caritative.
- Suit une série de "guérisons miraculeuses" qui font de Jésus un être capable d'agir à l'encontre des lois de la Nature, un être "surnaturel", donc.
- La guérison du lépreux (1;44-45) est l'occasion, pour Jésus, de se poser face aux "sacrificateurs" c’est-à-dire contre le Temple et le lévitisme juif.
- De façon récurrente, vient un leitmotiv : "se faire pardonner ses péchés". Cette litanie pénitentielle est fondatrice du Christianisme. Deux piliers donc :
- Il y a "péché".
- Il faut se les faire pardonner par un tiers (le "Fils de l'homme", en l'occurrence – cfr. 2;10) par un processus de contrition.
La notion de péché est complexe car elle peut pointer une action faite contrairement à la morale (laquelle ?), comme elle peut indiquer une disposition d'esprit ou une intention intime qui iraient à l'encontre d'une volonté supérieure (celle de Dieu, probablement, même si ce n'est pas explicitement dit).
La notion de pardon est tout aussi complexe : ce qui a été fait, ressenti ou pensé, est ineffaçable puisqu'inscrit pour l'éternité dans la mémoire du Réel ; le pardon consiste donc à compter ce "mal" pour rien dans le "jugement" final du pêcheur ...
- Jésus, contre la loi mosaïque (considéré comme un vieil habit usé et irréparable – cfr. : 2;21 ... ou comme une vieille outre inapte à contenir le vin nouveau : cfr. 2;22), affirme que sa seule présence rend le jeûne rituel inutile et superfétatoire. Il proclame donc l'obsolescence de la Loi mosaïque (le Christianisme rejette le Judaïsme pour des raisons religieuses et prophétiques antérieures à la fallacieuse accusation de déicide).
- Dans le même verset, il dit aussi être "l'Epoux". Mais l'Epoux de qui ? De la Connaissance ? De la Sagesse ? De la Justice ? De la Loi ? De l'Humanité ? De la Divinité ? ... La notion d'époux convoque celle de l'amour, celle de la procréation, celle de l'union et de l'alliance, ... mais elle féminise automatiquement le parèdre de l'époux qui ne peut qu'être l'épouse ... donc ni le Père, ni l'Esprit.
- A la fin du chapitre 3, Jésus est confronté à des "scribes descendus de Jérusalem" qui, en somme, l'accuse de sorcellerie. Jésus s'en défend : comment le Mal chasserait-il le Mal sans se chasser lui-même et ainsi s'anéantir ? L'argument est astucieux ... mais spécieux car de quel "Mal" parle-t-on ? Il termine en disant que tous les "péchés" seront pardonnés sauf ceux contre l'Esprit ... donc contre sa parole à lui puisque l'Esprit, lors de son baptême par Jean, s'est incarné en lui sous la forme d'une Colombe venue du haut des cieux. Et sa parole est censée abolir et remplacer la vieille Révélation faite par deux fois à Moïse dans le territoire sauvage de Sin (une fois, dans le "buisson ardent" et, l'autre fois, en présence des Hébreux libérés, sur le mont Sinaï). Jésus se pose donc en nouveau Moïse et affirme proclamer la (vraie ou nouvelle ?) "volonté de Dieu".
- Jésus compare ses paroles à des semences que l'on sème et qui germeront ou pas, selon l'âme humaine qui les recevra ... Cette parabole du semeur est une analyse très complète des relations possibles entre l'âme humaine et la révélation spirituelle ...
- Jésus parle à ses disciples de l'existence du "mystère du Royaume de Dieu" qu'il leur révèlera ... au-delà et à l'encontre de toutes les "révélations prophétiques" antérieures ... Plus loin (4;30-32), il assimile le Royaume de Dieu à une graine de moutarde (une graine parmi les plus minuscules) et à l'ensemble des âmes (les futurs chrétiens) qui ont su la recevoir et la faire fructifier grâce à ses Paroles.
- Après une kyrielle de "miracles", Jésus revient prêcher dans la synagogue (pharisienne, donc) de Nazareth devant sa famille (on parle explicitement sa mère, de son père et de ses frères et sœurs de sang). Le message est clair : un prophète nouveau n'est jamais entendu dans la patrie dont il vient ; autrement dit, le Judaïsme rejettera le Christianisme. Vrai !
- Jésus envoie ses disciples prêcher la "repentance". C'est le thème central du Christianisme : se repentir ! car la non-repentance induit la souffrance. Mais se repentir de quoi ? Et comment ? Cela ne revient-il pas à regretter, voire à rejeter, en tous cas à ne pas assumer ce que l'on est, ce que l'on a, ce que l'on fait, ce que l'on pense, ce que l'on dit ... En langage freudien, cela signifie-t-il donc que nous devrions prendre conscience de la force de notre inconscient dans toutes les dimensions de l'existence et la combattre vigoureusement ? Ou, au contraire, est-ce que, étant conscient de tout cela, nous sommes des êtres pervers qui doivent se soigner pour guérir (beaucoup des "miracles" de Jésus tournent autour du thème de la guérison) ? Mais guérir de quoi ? Quelle est cette maladie qui pervertit l'humain ? L'ignorance (le contraire de la compétence), la bêtise (le contraire du talent) et la fainéantise (le contraire du mérite) qui divise l'humanité en deux : une sous-humanité qui réclame partout et tout le temps "du pain et des jeux", et une sur-humanité qui s'accomplit en accomplissant l'intentionnalité du Réel.
Si tel est bien le cas, à quoi sert d'exiger la "repentance" à des gens incapable de comprendre leur propre raison d'être ?
- Jésus, parce que des Juifs pratiquants lui font reproche de ne pas suivre des prescriptions de la Tradition, leur répond qu'ils sont des "hypocrites" qui préfèrent la Tradition humaine (juive) à la Loi divine (telle que lui croit l'avoir comprise). Au fond, il leur reproche de faire les choses sans en chercher ou en comprendre le sens et la signification : on fait ainsi parce qu'on a toujours fait ainsi ... C'est du moins ce qu'il croit ...
- Après que Pierre lui ait dit qu'il était le Messie, Jésus recommande encore le secret quant à sa personne et prédit que, en tant que "Fils de l'homme", il souffrira, qu'il sera rejeté par le lévitisme (l'orthodoxie juive du Temple), qu'il sera mis à mort et qu'il ressuscitera trois jours après (8; 31-33).
- Jésus oppose la Vie et le Salut, le monde et l'âme (8;35) ...
- Transfiguration : hallucination collective de Pierre, Jacques et Jean, où apparaissent, autour de Jésus devenu luminescent, les personnages de Moïse et Elie (dont parle le livre des Rois et dont on dit qu'il a été enlevé dans les cieux, sans mourir d'abord, et qu'il viendra annoncer la fin des temps selon le livre de Malachie) et une Voix sortant des nuées ... et répétant que Jésus est son fils.
- La notion de "Chute" apparaît comme l'opposé absolu du "Salut" ...
- Jésus diabolise la richesse matérielle et sanctifie la pauvreté ...
- Jésus prétend que c'est l'orthodoxie juive (le lévitisme du Temple) qui le conduira à l'opprobre, à l'ignominie, au supplice et à la mort.
- Jésus diabolise la puissance et sanctifie l'humilité ... mais il prépare une entrée triomphale de sa personne dans Jérusalem ...
- Jésus diabolise les "marchands du Temple" qui, en fait, ne font que leur travail normal : vendre les offrandes nécessaires à ceux qui viennent (de loin) faire leur sacrifice sur le parvis du Temple ... ce qui choqua profondément les Lévites et les Juifs venus faire leur devoir sacré.
- Jésus sanctifie le "Pardon" (pardonner pour être pardonné) ...
- Jésus contredit les Sadducéens qui ne croyaient pas en la résurrection ... et termine par : "Dieu n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants" ...
- Jésus affirme que les plus grands des préceptes bibliques sont : le "Shm'a Ysra'El" (qui est la profession de Foi juive répétée par les Juifs à longueur de temps, tout au long de la vie) et "Tu aimeras ton ami comme toi-même" (et non ton "prochain" ou ton "semblable" comme le prétendent les mauvaises traductions chrétiennes).
- Jésus exprime tout son mépris pour les Lévites (12; 38-40) ...
- Jésus exprime tout son mépris pour la générosité des riches mais exalte l'obole des pauvres ...
- Jésus prédit que la fin des temps est très proche (avant le fin de cette génération) et qu'elle sera précédée par un temps de chaos immonde et profond ...
- Marc prétend que la Pâque arrivant, les Sadducéens se demandaient comment attraper Jésus par ruse ... (Mais pourquoi donc ? Qu'est-ce que les Sadducéens en avaient à faire ?). Et Marc dit que Judas l'Iscariote décida de leur livrer Jésus ... Comme par hasard, c'est celui qui porte un prénom signifiant Judée (Yéhoudah, patrie des Yéhoudim, les Juifs), qui sera le traître. On retrouve bien, chez Marc, l'antisémitisme foncier de son maître à penser : le renégat juif, devenu citoyen romain par adoption, Paul de Tarse.
- Lors de la dernière Cène et de l'institution de l'eucharistie, Jésus en profite pour maudire celui qui le "livrera" : Judas, homonyme de "Juif". Et un peu plus tard, menée par Judas, une "foule" armée, envoyée par les officiants du Temple, se saisirent de Jésus (pendant que ces disciples s'enfuyaient) et l'amenèrent au Sanhédrin qui avait l'intention de trouver un "témoin" qu'il ne trouva pas, afin de le faire mourir ... Le lendemain, il décidèrent de le livrer aux Romains ... Les Juifs du Temple sont donc décrits par Marc comme des "collabos" de la tyrannie romaine ... Pourquoi donc s'en prendre ainsi à Jésus qui n'est qu'un quidam comme il y en a des milliers en Judée à cette époque, pharisien d'origine ayant fréquenté les zélotes (d'où la violence à l'égard des "marchands du Temple") et l'essénien dissident, Jean-le-Baptiste ?
- Sous la pression des Juifs du Temple (selon Marc), Pilate condamne Jésus à la mort par crucifixion (qui était un supplice très courant en cas de sédition contre Rome) au prétexte qu'il se prétendrait le Messie et donc le roi des Juifs (le Messie, dans la tradition juive ancienne n'est pas un "sauveur spirituel", mais un meneur politique et militaire, censé libérer la Judée de l'occupant étranger, les Romains en l'occurrence).
- Suit alors le déroulement de la passion de Jésus : la flagellation, le couronnement d'épines, le calvaire, la crucifixion, la mort (le vendredi), la mise au tombeau, la résurrection (le dimanche), l'ascension ...
Que retenir de tout cela ... ?
Que l'Evangile de Marc a été écrit vers 70 de l'ère chrétienne (donc après l'expulsion des Juifs hors de Judée par les Romains et de début du grand exil) par quelqu'un qui n'a jamais connu son héros, Jésus, mais qui fut un scribe obéissant à la botte des pauliniens antisémites. Les deux autres Evangiles dits synoptiques (Matthieu et Luc) écrits respectivement vers 80 et vers 90, ne font qu'amplifier le récit de Marc dans une escalade de broderies imaginatives. L'Evangile de Jean est d'une tout autre nature, retranscrit et corrigé par les pauliniens, au deuxième siècle, sur base d'un original alexandrin d'inspiration gnostique et anti-paulinienne.
Que cet Evangile de Marc invente un personnage (Jésus) à la fois illuminé mysticiste et idéologue gauchisant, porteur d'un antijudaïsme forcené et d'un christiano-gauchisme dont le pape François (que l'on enterre demain) fut, espérons-le, le dernier représentant.
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