Tisserand de la compréhension du devenir
Conférencier, expert et auteur

Qu'est-ce que la connaissance ?

La connaissance n'est pas un objet ; elle est un processus.

Qu'est-ce que la connaissance ? Je n'en cherche pas un définition en tant qu'objet comme le ferait l'épistémologie ou la gnoséologie, mais en tant que processus. La connaissance n'est pas un fait, mais une démarche. Une méthode, pour tout dire, si ce terme ne pointait vers René Descartes et son orgueilleuse - et si peu rigoureuse - tentative de fonder tout savoir sur l'ego d'un sujet malhabile. Il faut renoncer à l'utopie galiléenne de trouver un indiscutable et absolu point d'appui sur lequel se pourrait appuyer le levier d'un algorithme cognitif. Le "Je pense donc je suis" cartésien[1]  est aussi sot que le "Dieu créa le monde selon son bon gré" des théistes.

La connaissance, comme tout processus complexe, se construit entre mémoire et intention.

  • Mémoire : tous les savoirs et contre-savoirs, erreurs décelées et indécelées, hypothèses et intuitions accumulées depuis que l'homme pense, et qui, bon an mal an, trouvèrent confirmation - souvent partiale et partielle - auprès des faits, c'est-à-dire des perceptions plus ou moins reproductibles des réactions du réel auxdits savoirs lorsqu'on les y applique.
  • Intention : c'est ici que le bât blesse. Non qu'il n'y ait pas d'intention claire, mais qu'il y en ait trop, et de si contradictoires. Le spectre intentionnel s'étend du plus vil utilitarisme (comme Descartes qui voulait, excusez du peu, dominer et asservir la Nature) à la plus contemplative mystique (comme Einstein qui voulait comprendre la pensée de Dieu).

Mais laissons cette question de la finalité de la science et de la fiabilité de la mémoire humaine. Et voyons comment, entre mémoire approximative et intention incertaine, le processus "connaissance" se déploie.

A nouveau les sciences complexes fournissent une grille de travail : territoire, paradigme, activité.

Pour construire la maison noétique, il faut un terrain avec des matériaux, des plans de travail (voilà surgir la question épistémologique et gnoséologique) et un chantier.

Trois questions si pertinentes qu'elles en deviennent impertinentes !

Qu'y a-t-il à connaître ? Quels outils de connaissance ? Que faire pour "connaître" ?

Ou, encore :

  • Que connaître ?
  • Par quoi connaître ?
  • Comment connaître ?

Marc Halévy, 2 janvier 2013


[1] Dont même Descartes, durant les décennies qui séparent les "Méditations métaphysiques" du "Discours de la méthode", à compris l'ineptie puisqu'il ne dira plus : "Je pense donc je suis", mais bien : "Je suis, j'existe", éliminant ainsi le "donc" qui trahissait une entorse immense au soi-disant "doute méthodique".