Tisserand de la compréhension du devenir
Conférencier, expert et auteur

Qu'est-ce que "la gauche" ?

"Où est passé le peuple de gauche ?" ou "Comment parler d'un ectoplasme ?" Les éditions de l'Aube viennent de publier, sous le titre "Où est passé le peuple de gauche ?", un recueil de quelques courts textes récents de mon ami Edgar Morin.

Oublions très vite le long et infect article de 2015 intitulé : "Essayons de comprendre". A cette époque, Edgar était sous la coupe du diabolique Tariq Ramadan et entouré d'une clique islamiste : dans ce texte, Edgar fait montre soit d'un aveuglement criminel, soit d'une mauvaise foi pathologique en resservant les mensonges et poncifs, dignes de cet imposteur d'Edwy Plenel, discours victimaire où les musulmans sont de pauvres opprimés et où la faute en est chez les sales blancs colonialistes, esclavagistes, crypto-chrétiens, laïcards bornés, exploiteurs, fabricants de banlieues sordides et de chômage raciste, et  - péché suprême - soutiens d'Israël (mon pauvre Edgar, tu t'égares : la politique et la presse françaises, surtout à gauche, depuis 1789, ont toujours été virulemment antisémites et antisionistes) …

Revenons donc au centre et au prétexte de ce recueil : la "gauche" … Qu'en dit Edgar ? Au-delà des partis dits "de gauche" qui divergent à peu près sur tout et s'écharpent et s'éreintent depuis toujours, Edgar invente un "peuple de gauche"  qui, d'après lui, ne saurait plus, aujourd'hui, à quel saint laïc se vouer tant la devise : "Liberté. Egalité. Fraternité" est devenue vide de sens et, surtout, intrinsèquement contradictoire et pratiquement irréaliste, et tant le ternaire dérivé : "Progrès. Raison. République" a été battu en brèche par les faits depuis 1914.

Mais nulle part, Edgar ne définit ce qu'est la "gauche". Peut-être parce qu'elle est indéfinissable, parce qu'elle est un phantasme, un spectre, un ectoplasme. Edgar nous dit que la "gauche" s'alimente à trois sources : libertaire (pour affirmer l'individu souverain sur lui-même), socialiste (pour exiger une société meilleure à l'aune d'un "idéal" humaniste) et communiste (pour affirmer une fraternité communautaire - celle du goulag, sans doute), le tout mâtiné d'une fine couche d'écologisme pour faire bonne mesure et se placer dans l'air du temps.

Edgar semble si aveuglé par ses rêveries éveillées qu'il en vient à ne plus voir que tous les socialismes réels (jacobin, marxiste, communiste, nationaliste, fasciste[1], populiste ou étatiste) dégénèrent forcément, parce que foncièrement contre-nature humaine, vers une forme plus ou moins violente ou larvée de totalitarisme.

De plus, pourquoi scinder "socialisme" et "communisme" puisque Marx et Lénine définissent tous deux le communisme comme un chemin méthodologique vers le socialisme.

Restent donc trois sources à ce qu'Edgar s'obstine à appeler la "gauche" : le socialisme (dont le communisme est une des chapelles), le libertarisme et l'écologisme.

Puisqu'on sait, à présent, que toutes ses formes appellent une "tentation totalitaire", le socialisme n'est plus ni crédible, ni enviable ainsi que le montrent ses gabegies politico-économiques, ses magouilles démagogiques et ses résultats électoraux un peu partout.

La racine socialiste de la "gauche" étant pourrissante, il reste, selon Edgar, deux racines vivantes : le libertarisme et l'écologisme …

Le libertarisme (sous diverses formes libertaires, libertariennes, libérales) n'est que l'autre nom du libéralisme (lui-même radicalement étranger à ces délires délétères que sont le capitalisme spéculatif et le financiarisme) qui affirme le devoir de chaque personne, de devenir, par soi et pour soi, autonome et responsable d'elle-même.

De son côté, l'écologisme rompt radicalement avec l'humanisme - réputé "de gauche" - en ce sens que l'homme ne peut plus être la "mesure de toutes choses", mais qu'il doit être mis au service de ce qui le dépasse : la Vie ; or, dans nos sociétés avancées, ce sont surtout les nantis qui ont développé une conscience écologique ; les masses, elles, cultivent au contraire le triomphe d'un consumérisme hédoniste et d'un panem et circenses qui se fichent comme d'une guigne de l'avenir de la planète et de l'humanité ; après elles, les mouches !

Être de "gauche", ce serait donc être "libéral et écologiste" : curieux retournement de veste …

Mais ce qu'Edgar omet de dire, c'est qu'être "de gauche", c'est surtout avoir une conception très particulière et très fausse du rapport entre forts et faibles (car les hommes ne naissent ni ne vivent égaux), c'est croire que le fort, par nature, va opprimer le faible et qu'il faut donc protéger et défendre ce faible en voie d'oppression. La "gauche" s'est donc posée et définie comme défenderesse des opprimés dont la définition varie selon les époques et selon les modes. Qui donc est l'opprimé de service, à la mode ? C'est en cherchant la réponse à cette question que l'on découvrira le "peuple de gauche" c'est-à-dire cette poignée de pitres, parisiens essentiellement (genre "Nuit debout"), qui sont incapables de vivre sans avoir une "cause" à défendre, une "révolte" à exprimer, une "révolution" à fomenter.

Aujourd'hui, il faut aller voir du côté de l'ultra-féminisme (anti-machisme, anti-masculinisme, LGTB, "mariage pour tous", #balancetonporc : hypocondrie paranoïde qui affirme que tout homme mâle - surtout s'il est blanc et hétérosexuel - est forcément violeur, harceleur, vicelard, graveleux, forniqueur, pervers, pédophile, partouzard, proxénète, etc …) et de l'ultra-antiracisme (puisque le "blanc" est "forcément" colonialiste, esclavagiste, ethnocentriste, il est "forcément" raciste donc il est légitime aux "non-blancs" de haïr ouvertement et violemment le "blanc" … sauf s'il est très "à gauche" et fait son mea culpa permanent, crachant haineusement sur son histoire et sur son identité).

Le voilà ton "peuple de gauche", cher Edgar, un petit monde ultra-minoritaire, fermé et bavard, militant et schizophrénique, haineux et frustré, qui ne trouve sa raison d'être qu'en conspuant, insultant, dégradant, salissant tout ce qui peut l'être, au nom et au prétexte de "défendre" de pauvres "opprimés" imaginaires qui, très majoritairement, ne lui demandent rien … sauf s'il y a quelques avantages pécuniaires à y grappiller.

Le voilà ton "peuple de gauche", cher Edgar, une tumeur sociétale qui parasite et ronge les chairs d'un monde qui, dans cette modernité finissante, se cherche - et qui se construit en se cherchant - malgré ces poux et ces puces qui le piquent pour en sucer le sang.

Marc HALEVY, 13 décembre 2017.

 

[1] Rappelons, une fois de plus que, tant Mussolini en Italie que Hitler en Allemagne, étaient des opposants virulents à toutes les formes de capitalismes et de libéralismes, des apologistes du "peuple" (das Volk) c'est-à-dire, clairement, des socialistes.