Tisserand de la compréhension du devenir
Conférencier, expert et auteur

Ce mal que l'on nomme "populisme" …

Les mots sont trompeurs ; mais derrière les mots, se cachent bien des mensonges.

Ce mal que l'on nomme "populisme" …

Désolé de n'être en rien d'accord avec les analyses très superficielles de toutes les presses quant à un raz-de-marée populiste en Europe.

Brexit, Hongrie, Autriche, Tchéquie, peut-être Italie, et ensuite Pologne, Danemark, Suède …

Pour se débarrasser du problème et offrir un mot-poubelle où l'on peut tout jeter et où tout pue, la presse a réinventé le mot "populisme" en prenant tout de même le soin, pour éviter par trop de ridicule, de parler des populismes de droite (extrême) et de gauche (exotique).

Le "populisme", au regard des définitions lexicales qu'en donne le CNRTL basé sur le dictionnaire de l'Académie, est une étiquette politique qui caractérise "Tout mouvement, toute doctrine faisant appel exclusivement ou préférentiellement au peuple en tant qu'entité indifférenciée".

Et qu'est-ce que le "peuple" ? Un concept aussi vide que celui de "nation", inventé par les pouvoirs pour se légitimer. Il n'y a pas de peuple ; il n'y a qu'une vaste mosaïque de communautés de vie juxtaposées.

Ce que la presse nomme les "populismes" sont des mouvements politiques naguère périphériques qui, aujourd'hui, joue sur trois tableaux pour prendre le pouvoir (car c'est le pouvoir et lui seul qui fascine les politiques).

Ces trois tableaux sont :

  1. La crainte montante, partout, des flux migratoires venant d'Afrique et important, dans ses bagages un islamisme violent, intolérant et agressif.
  2. Le sentiment confus, mais avéré, que les partis traditionnels (socialisme, communisme, conservatisme, bourgeoisisme) sont restés empêtrés dans leurs doctrines datant du 19ème siècle et qu'aucun d'eux n'est à la hauteur des défis lancés par le changement de paradigme que nous vivons (c'est ce même sentiment qui a porté Macron au pouvoir en France contre les caciques boursoufflés des vieux partis obsolètes qui ne s'en remettrons jamais).
  3. La lâcheté des politiques traditionnels, de gauche comme de droite, qui, pour ne perdre aucune miette de leur pouvoir (pompeusement appelé "souveraineté nationale") ont sciemment saboté la construction de l'Europe fédérale, ont surendetté leur pays en laissant croire que l'on peut vivre longtemps au-dessus de ses moyens et qui, ensuite, en ont rendu l'Europe responsable (alors qu'elle en cesse d'appeler ces pays parasitaires à la rigueur).

L'Italie ? Un pays corrompu qui travaille trop peu, qui dépense trop, qui se gère mal, qui joue au riche et à la frime, qui cultive des économies parallèles et mafieuses qui plombent ses comptes, qui est le plus endetté d'Europe (avec l'Irlande et la Slovénie) et qui, comme la Grèce naguère, fait chanter l'Europe dont elle exige qu'elle finance ses gabegies contre rien en échange.

C'est ça l'union des populismes de droite et de gauche ? Non, ça c'est du racket parasitaire et mafieux … mené au nom d'un "peuple" italien dont le niveau d'illettrisme et d'innumérisme est parmi les plus élevé d'Europe (cfr. enquête 2014 du PIAAC parrainée par l'OCDE).

En France, le populisme c'est Mélenchon bien plus que Marine Le Pen … et l'anti-populisme, c'est Macron. Il faut être bien bas de plafond pour ne pas comprendre ça. Quant aux autres partis, ils n'existent plus (et c'est tant mieux : il était temps d'arrêter de plomber le 21ème siècle avec des doctrines du 19ème). Le schéma "gauche-droite" est définitivement mort. Il n'y a plus vraiment de bipolarité … ou, alors, ce sera celle de la stupidité (Mélenchon et Le Pen) face à l'intelligence (Macron).

Ce n'est pas de populisme qu'il faut parler, mais de crétinisme. Et le crétinisme, parce qu'il leur est compréhensible, plaît aux crétins. CQFD.

Il n'y a que deux manières de sortir d'une phase historique critique et dangereuse : par le crétinisme du bas où c'est facile mais suicidaire, ou par l'intelligence du haut où c'est salvateur mais difficile.

Il ne faut plus parler de populisme. Cela n'existe pas. Il faut d'abord bien comprendre les trois leviers actuels de la prise du pouvoir dans nos "démocraties" européennes (cfr. ci-dessus) et il faut ensuite parler de la guerre des deux démagogismes : le démagogisme des partis traditionnels, tous tombés en  obsolescence, et le démagogisme crétinisé de ces mouvances de l'irréalisme et de l'incompétence qui veulent détruire l'Europe avant de saccager leur propre pays, offert aux économies plus fortes venues d'ailleurs.

Marc HALEVY, juin 2018