Mes anticipations pour 2011
Message aux lecteurs
Un prospectiviste digne de ce nom doit se mouiller. Voici donc une courte note (nécessairement trop succincte donc abrupte et sans nuance) reprenant mes anticipations pour 2011. Elles prolongent celles que j'avaient éditées en décembre 2009 et qui ont été avérées à 80% par les faits durant cette année 2010 qui se termine. L'année 2011 sera difficile (surtout au second semestre), mais cette difficulté même est une immense chance pour faire enfin triompher l'intelligence contre les mensonges démagogiques, la financiarisation maladive (la finance n'apprend jamais rien, même de ses déconfitures … c'est cela le "démon du jeu") et le dramatique déficit de frugalité. Ce qui est facile n'a aucune valeur !
Bonnes fêtes de fin d'année. Marc Halévy, décembre 2010
Confirmation de l'entrée en décroissance.
Globalement, la déliquescence de l'économie de masse (industrialisation, normalisation, standardisation, financiarisation, hyperconsommation, marchandisation généralisées) va s'accélérer jusqu'à devenir marginale vers 2020. Une nouvelle économie d'intelligence et de frugalité, de qualité et de proximité, se met en place. L'irréversibilité de la révolution numérique et des pénuries de ressources naturelles induit inéluctablement une décroissance de toute l'économie matérielle c'est-à-dire des gros secteurs industriels les plus pourvoyeurs d'emplois peu qualifiés. Des secteurs comme l'industrie automobile, la grande distribution, la bancassurance, les transports, la chimie, l'agroalimentaire, dans leur formule classique (gigantisme, massification, prix bas, qualité médiocre, matraquage et manipulation publicitaires, etc …), vont sinon disparaître, au moins se rétrécir comme peau de chagrin dès disparitions des actuelles perfusions financières des Etats en faillite. En conséquence immédiate, le taux de chômage va se généraliser autour des 20 à 25% des populations (ce qui est déjà le cas aux USA).
Accélération du déclin et de la perte de leadership (et de crédibilité) des USA.
Les USA sont politiquement paralysés. Le "mythe" Obama est bien mort. Mais, plus profondément, les élites américaines sont incapables de comprendre que plus personne ne veut du "American way of life", que leur "American Dream" est devenu un "American Nightmare", que la magie de la propagande hollywoodienne (le dur cowboy pionnier qui se sort de toutes les difficultés) ne marche plus (l'américain moyen est devenu un bourgeois obèse et paresseux, esclave de son confort) et que les "bons sentiments" américains (démocratie, liberté, droits de l'homme, morale) sont enfin dévoilés pour ce qu'ils sont : de la manipulation éhontée, au mieux, de l'escroquerie cynique, au pis (cfr. les "révélations" de Wikileaks qui ne font que confirmer ce que l'on savait). De plus, la "planche à billets" qui a financé - avec la complicité intéressée de ses "alliés" - l'américanisation du monde pendant 50 ans, a produit - et continue de produire - des tonnes de billets verts qui ne valent strictement plus rien. Le monde entier essaie d'en fourguer un maximum, avant de passer le solde par pertes et profits.
Explosion de la bulle spéculative sur les "dettes publiques" au second semestre.
La désinformation et l'Agitprop orchestrées par les médias et la diplomatie américains (et ses affidés que sont les agences de cotation), ne pourront plus longtemps laisser accroire une quelconque capacité de remboursement. Le crédit se ferme et l'ébranlement du crédit des Etats est une constante. Les spéculateurs devront faire leur deuil des choux gras qu'ils escomptaient engloutir sur le dos des contribuables. Fin de la récréation ! Les Etats ne pourront plus sauver toutes ces banques que l'explosion de ladite bulle va ébranler profondément.
Progrès dans le processus d'intégration politique de l'Union Européenne.
Les politiques de soutien aux pays européens en faillite (Islande, Grèce, Irlande et, bientôt, Portugal, Espagne, Italie, Hongrie, Lettonie, Roumanie, etc …) ont enclenché irréversiblement un processus d'intégration européenne non plus seulement économique, mais politique, financière, diplomatique, fiscale et sociale. L'Europe, qui n'était qu'une juxtaposition d'Etats plus ou moins souverains, devient, peu à peu, une fédération intégrée et compacte où les Etats membres ne joueront plus qu'un rôle périphérique et historique. L'Europe des Régions, accompagnée de la totale marginalisation de l'étage national, sera l'étape suivante (2015-2020).
Augmentation des tensions sociales.
Surtout dans les pays dont le niveau d'endettement est critique (USA, GB, Japon, Espagne, Italie, etc …), la fin du grand mensonge (1- les pauvres peuvent vivre comme des riches, 2- on travaillera toujours moins, 3- l'Etat assure la sécurité de tous sur le long terme) va jeter bien du peuple dans la rue (dans les deux sens de l'expression). Les caisses sont vides et le resteront. Les dettes d'Etat ne seront plus jamais payées. Ce sont les investisseurs (les spéculateurs) qui paieront la note en tapissant leur cuisine avec feus les bons du trésor et autres obligations d'Etat.
Développement de difficultés financières et sociales en Chine.
Les "plans de relance" qui alimentent artificiellement (et avec des tonnes de dollars sans valeur) l'économie chinoise (jusqu'entre 70 et 90% selon les secteurs) et masquent les banqueroutes immobilières et alimentaires, ne parviendront plus à compenser l'évolution réelle des populations et de leurs attentes.
Continuation de la dislocation mondiale en grands blocs.
Le G20 a montré toutes ses impuissance et inutilité. Le monde réel de demain confirmera sa structure en cinq grands blocs :
- les USA (accompagnés, très partiellement par le Canada et une part - forcée - de l'Amérique hispanophone du Sud),
- l'Asie "jaune" autour de la Chine qui récupérera l'ASEAN et le Japon lorsque celui-ci aura enfin réussi à se débarrasser des USA,
- l'ensemble européen (Russie plus ou moins incluse, avec, peut-être un peu de Brésil et de Canada) autour de l'Union européenne (et de l'Euro qui deviendra progressivement, avec le Yuan, la monnaie internationale de référence ),
- l'Inde et ses "colonies" africaines : une zone floue, incertaine, en pleine contradiction interne par rapport à sa culture anéconomique et à ses valeurs historiques,
- la nébuleuse islamiste centrée autour des pétrodollars saoudiens.
Radicalisation droitière en Europe.
Parallèlement à la montée de l'antisémitisme (genre "tea-party") aux USA, la plupart des pays européens verra les Droites dures s'installer au pouvoir (en France, en 2012, le FN au second tour contre l'UMP ?). Cela ne mettra nullement ni l'UE, ni l'Euro en danger (il y aurait trop à perdre, même pour des nationalistes obtus), mais cela se traduira par des politiques d'immigration et d'assimilation "musclées". Les politiques d'intégration culturelle des Gauches, sont partout un échec évident. L'Europe recherchera le chemin de la "fierté" de sa culture et de ses valeurs communes anciennes : affirmation identitaire, désaméricanisation, désislamisation, seront des tendances qu'il faudra piloter avec soin si l'on veut éviter les dérives racistes violentes.