Tisserand de la compréhension du devenir
Conférencier, expert et auteur

Mort du couple infernal "grande distribution - industrie agroalimentaire"

La grande distribution et sa complice en forfait contre le bien-vivre, l'industrie agroalimentaire, sont aujourd'hui devant une équation impossible. Leur modèle économique ne tient que par deux leviers : les effets de masse et d'échelle, le laminage des marges de leurs fournisseurs-producteurs. Sans parler des crédits à la consommation qui favorisent l'endettement des ménages, mais qui s'effondrent face à l'insolvabilité croissante.

En effet, la décroissance ambiante et durable (récession, inflation, déflation, raréfaction des ressources énergétiques et naturelles) va imposer, tout à la fois, une baisse forte des pouvoirs d'achat des consommateurs de masse, et le dilemme cruel entre faillite et hausse des marges pour les fournisseurs-producteurs. Ainsi, la mafia anti-bien-vivre est coincée : soit elle vise à baisser les prix pour fidéliser - bien malgré eux car ils n'ont pas le choix - la masse des indigents et elle n'aura plus de fournisseurs, soit elle préserve ses fournisseurs mais elle n'aura plus la masse : son modèle économique est brisé !
Pour préserver leur modèle, ces monstres de l'hyperconsommation érigée en système devront quitter les pays développés où ils n'ont plus d'avenir, pour aller survivre, quelques temps encore, dans les régions à faibles coûts de main-d'œuvre, à grande appétence consommatoire et à pouvoir d'achat montant : cela durera ce que durent les roses … (surtout celles qu'ils commercialisent à bas prix parce qu'elles sont les invendus des autres marchés, donc à faible durée de vie)

Dans tous les cas, le concept dispendieux et ringard de l'hypermarché est mort. De toutes les façons, la distribution alimentaire sera de proximité. De toutes les manières, quantité (le hard-discount destiné à nourrir les plus pauvres ou les moins exigeants) et qualité (les magasins plus chers pour produits de bonne gamme) sont en train de divorcer à vive allure. Sans parler de la recrudescence des petites épiceries de quartier et de village qui commercialisent des produits frais du terroir et de saison … ni des circuits de distribution alternative comme les AMAB ou autres.
La grande distribution et l'industrie agroalimentaire furent les parangons, les symboles et les grands bénéficiaires de cette folie appelée "société de consommation" selon le modèle américain exporté dans les années 1950. Ce paradigme-là est mort et bien mort.

L'agriculture intensive est un désastre. La nourriture industrielle est une calamité. L'hyperconsommation est une folie. Les prix bas sont absurdes. Le marketing de masse est nauséabond. La publicité est infernale.
Tout ce monde-là va disparaître. Enfin ! 

Marc Halévy, 26/2/2010