Tisserand de la compréhension du devenir
Conférencier, expert et auteur

Pour fixer les idées ...

Un état des lieux effarant ! Le paradigme socioéconomique actuellement encore dominant est au bord du gouffre, il n'est ni viable, ni enviable, ni tenable.


Même la mise à jour, par le MIT, en 2013, du rapport Meadow "The limit of growth" de 1972, même le rapport de mars 2014 du Goddard Space Flight Center de la Nasa, sont formels et confirment ce que d'autres et moi clamons depuis plus de vingt ans : le paradigme socioéconomique actuellement encore dominant, surtout aux USA, est au bord du gouffre, il n'est ni viable, ni enviable, ni tenable.

Il conduit le monde droit dans le mur, avant 2050. Chaque jour qui passe, rend ce mouvement délétère de plus en plus irréversible.

A la louche, pour fixer les idées, disons que le PIB mondial est de 75 mille milliards de dollars, que la crise financière de 2007-2008 a coûté aux Nations, en direct (en négligeant les dommages collatéraux qui font doubler la note), de l'ordre de 25 mille milliards de dollars. Face à tout cela, l'inflation délirante de cette richesse fictive que sont les promesses et paris spéculatifs - notamment sur les dettes souveraines, sous forme de CDS - que l'on vend et revend , titrisent et retitrisent, à terme ou en option, sur les marchés financiers, et que l'économie réelle, anémique et en décroissance globale, ne pourra jamais rétribuer, atteint une masse totale de 600 mille milliards de dollars, soit environ huit années de PIB mondial.

Lorsque cette bulle-là éclatera - très bientôt -, c'en sera enfin fini du financiarisme, avec si peu de dommage pour l'économie réelle qui est celle des entrepreneurs, des PME et des entreprises familiales qui sont encore les seuls à générer de la richesse à partir de la valeur réelle d'usage qu'elles produisent, et que n'atteignent jamais les effets de planches à billets et de quantitative easings orchestrés par les Banques centrales.

Bref : la fausse monnaie alimente la fausse économie au détriment de l'économie réelle (entreprises, ménages, Etats) qui, pour survivre, doit accepter soit de s'anémier (décroissance, austérité, downsizing), soit de s'endetter en fausse monnaie (donc se livrer en pâture aux charognards de la finance spéculative).

Il n'y aura jamais ni relance, ni reprise. Les gisements de ressources matérielles stockées sont tous en voie de tarissement, et la démographie humaine est largement supérieure au seuil maximal admissible sur Terre (ce seuil est de deux milliards d'humains).

Il est criminel de continuer, comme le font les politiques du social-étatisme dont elles sont le fonds de commerce,  à leurrer le monde avec des imprécations stériles et manipulatoires concernant un retour à la croissance et à l'abondance (indispensables pour lever des impôts, engager des fonctionnaires et financer les assistanats : clientélisme et électoralisme démagogiques obligent).

Ce paradigme-là, théorisé par Keynes sous le nom d'Etat-providence, est mort !

Il faut que l'Europe cesse d'être fascinée par la poudre aux yeux américaine. Les USA ne vivent que du paradigme ancien et moribond, militaro-financiaro-industriel ; il n'y a là-bas qu'effets d'annonce, mensonges racoleurs, fausses reprises et stratégies manipulatoires.

Avec l'énergie du désespoir, les USA veulent maintenir une hégémonie mondiale et un modèle socioéconomique condamnés, au bord du gouffre, délétères pour toute vie sur Terre … Et, pour subsister dix ans de plus, ils sont prêts à mettre la planète à feu et à sang, et à entraîner tous leurs "alliés" dans leur chute irréfragable, inexorable.


Marc Halévy, 10 septembre 2014.