Zéro dette !
Le fléau fondamental, depuis toujours, qui gangrène le fait sociétal dans son ensemble, c'est l'endettement c'est-à-dire la consommation, aujourd'hui, de ce que l'on produira peut-être demain, c'est-à-dire, plus généralement, la spéculation, les plans sur la comète, l'économie de la promesse !
La seule stratégie socioéconomique (au niveau macroéconomique) et managériale (au niveau microéconomique) qui vaille : zéro dette !
L'économie moderne industrielle était basée sur un cercle qui, de vertueux, est devenu vicieux. Pour gagner plus, il faut investir plus, donc s'endetter plus et il faut écouler plus, donc faire consommer plus ; et pour consommer plus, il faut aussi s'endetter plus. Cette économie est celle des marchands d'endettement. Elle repose sur le dogme de la croissance puisque que pour gagner plus, il faut, à la fois, produire plus et consommer plus. Et pourquoi faudrait-il gagner plus ? Pour payer les intérêts des dettes et les rembourser … peut-être.
Or, dans ce raisonnement obsessionnel de la croissance quantitative et matérielle, manque un élément crucial : pour produire plus, il faut plus de ressources naturelles et elles sont toutes entrées en pénurie. Elles deviendront donc toutes de plus en plus chères. Il faudra donc bien soit s'endetter encore plus pour les acheter, soit renoncer à produire plus et passer du "toujours plus" au "juste ce qu'il faut".
Aujourd'hui, la machine infernale de l'endettement touche tous les acteurs : les ménages, les entreprises et les Etats. Et ces dettes immenses - à jamais irremboursables, d'ailleurs - ont été l'objet de titrisations et de spéculations en cascades qui font que l'économie de l'endettement (et de la promesse des gains qui sont censés y être liés) a aujourd'hui un volume plusieurs dizaines de fois supérieur à celui de l'économie réelle des biens et services. La finance est devenue l'ennemie mortelle de l'économie !
L'endettement implique, sournoisement mais logiquement, une foi aveugle en la croissance : puisque je crois que demain sera plus qu'aujourd'hui, je peux prélever aujourd'hui une part de demain pour vivre, dès maintenant, au dessus de mes moyens réels.
Les seules choses qui soient en croissance aujourd'hui, c'est la démographie humaine et les pénuries matérielles. Dans les termes de l'économie matérielle classique, le monde ne s'enrichit plus depuis des décennies, il s'appauvrit un peu plus chaque jour.
Et tout le jeu cynique des Etats et des Magnats est de tout faire pour concentrer la richesse chez eux de façon à ne pas souffrir (ou à souffrir moins) de l'appauvrissement général, avec pour conséquence arithmétique d'accélérer l'appauvrissement des déjà plus pauvres.
Ce phénomène de concentration ne paraît immoral qu'aux yeux des idéologies égalitaristes ; en fait, il n'est ni moral, ni immoral, il est logique et naturel, purement darwinien, purement malthusien. La Nature n'a que faire de la morale, n'en déplaise aux absurdes fils de Descartes qui voulaient mettre l'homme au-dessus de la Nature. Juste retour des choses.
En se croyant libéré des contraintes naturelles et des quotas démographiques, au nom des "idéaux" humanistes, l'homme moderne a creusé sa propre tombe ; il va le payer cher, dès aujourd'hui.
Marc Halévy, 14/9/2013