Tisserand de la compréhension du devenir
Conférencier, expert et auteur

Que signifie "être de droite" ?

La France vire-t-elle à droite ?

On dit que l'occident en général et la France en particulier entament un grand virage politique à droite. C'est, en apparence, une excellente nouvelle. Mais que signifie "être de droite" ? Si l'on part du principe simple qu'être de droite, c'est plus que n'être pas de gauche et que c'est être anti-gauche, alors être de droite implique une opposition militante aux grands piliers de l'idéologie de gauche.

Etant autant à droite qu'à gauche, l'étatisme (qu'on appelle patriotisme s'il est de droite et fonctionnarisme s'il est de gauche) et l'anti-étatisme (qu'on appelle libéralisme s'il est de droite et anarchisme s'il est de gauche), le démocratisme (qu'on appelle populisme s'il est de droite et démagogisme s'il est de gauche) et l'antidémocratisme (qu'on appelle autoritarisme s'il est de droite et révolutionnarisme s'il est de gauche) ne sont pas les bons discriminants. C'est ailleurs qu'il faut chercher. A mes yeux, le discriminant majeur pour distinguer la gauche de la droite est l'égalitarisme dont la manifestation la plus évidente, même si elle est la moins utile face à la particratie ambiante, est le suffrage universel accompagné de son démagogisme, de son clientélisme, de son électoralisme, de ses assistanats.

Être de droite, c'est combattre toutes les formes d'égalitarisme, c'est pratiquer ce réalisme de bon aloi qui constate que les hommes ne sont jamais égaux, ni en droit ni en fait, ni en acte ni en intelligence, ni en talent ni en courage, etc …, c'est promouvoir, en tout, un aristocratisme sain et une méritocratie factuelle.

Être de droite, c'est dénoncer, avec la plus extrême vigueur, la niaiserie, la fourberie, l'hypocrisie et la fallacité du premier article de la déclaration des droits de l'homme :  "Tous les hommes naissent libres et égaux en droit". C'est faux ! C'est simplement et définitivement faux ! La liberté et les droits ne se reçoivent pas à la naissance, mais se gagnent, peu à peu, au long d'un difficile parcours de vie. Il n'y a rien de plus dépendant qu'un enfant (et bien des adultes sont restés enfants). Un enfant que l'on n'éduque pas reste un animal stupide, capricieux, méchant et malfaisant (et, là encore, bien des adultes sont encore enfants) : il n'a qu'un seul droit qui est celui de devenir un homme digne de ce nom. De plus, ce texte imbécile parle d'égalité en droit laissant entendre, à bon droit, que l'égalité en fait n'existe pas (ce qui est parfaitement exact). Répétons-le encore, un droit ne se reçoit pas, mais il se gagne, se mérite.

Tout ceci conduit à une autre conclusion utile : les populismes dits d'extrême-droite (comme le socialisme nationaliste d'Hitler ou le socialisme fasciste de Mussolini, comme le frontisme de Le Pen) sont des mouvements de gauche, proches des extrêmes-gauches , des anti-aristocratismes, des anti-intellectualismes, des anti-élitismes, des anti-libéralismes.

En ce sens, être de droite, c'est combattre à la fois les gauches (les socialismes) et les extrêmes-gauches (les révolutionnarismes), et les extrêmes-droites (les populismes).

Être de droite, c'est promouvoir l'aristocratisme et l'équité qui veut "de chacun selon ses talents et à chacun selon ses œuvres".


L'équité humaine de droite s'oppose donc radicalement à la justice sociale de gauche !

Marc Halévy, 1 mars 2015.