Tisserand de la compréhension du devenir
Conférencier, expert et auteur

Les comportements sociopolitiques

La cinquième dimension

Dans "La quadrature des classes", Thibault Muzergues croit décrypter quatre comportements sociaux à l'œuvre partout en occident. Reformulés dans mes termes, cela donne : les créatifs (Macron), les traditionnalistes (Macron-Fillon), les nostalgiques (Le Pen) et les activistes (Mélenchon).

Cela rejoint la vieille (2001) analyse pertinente de Ray et Anderson sur les "créatifs culturels".

D'après Thibault Muzergues, ces quatre comportements sociopolitiques (et non pas "classes" si l'on veut éviter de sombrer dans le crétinisme marxiste) représentent, chacun, environ un quart de la population dans les divers pays occidentaux.

 

Les activistes représentent peu, mais font beaucoup de bruit et trop parler d'eux au travers de médias en quête de sensationnalisme (cfr. les zadistes et autres excités débiles de Nantes).

Lors de la plupart des élections récentes, c'est une alliance des traditionnalistes et des nostalgiques qui a triomphé (Etats-Unis, Grande-Bretagne lors du vote sur le Brexit, Italie avec la coalition contre-nature actuelle, Hongrie, Autriche, Pologne, Russie, …) : ces coalitions totalisent donc un peu plus des 50%. En France, aussi avec un total d'un peu plus de 50%, c'est une alliance des créatifs et des traditionnalistes qui a mis Emmanuel Macron sur le trône présidentiel.

Cela signifie donc, selon ce schéma, que ce sont les traditionnalistes qui détiendraient les clés du pouvoir au moyen de leur alliance soit avec les créatifs (en France), soit avec les nostalgiques (ailleurs).

 

Thibault Muzergues décrit ce traditionnaliste comme "boubour". Cette appellation s'oppose au "bobo", le bourgeois bohème citadin de gauche qui se veut "tendance", qui lit le Monde ou Libé, qui adhère à toutes les "causes" du victimisme ambiant : les femmes outragées, les homosexuels et autres déviants, les musulmans même radicalisés (au nom de la diversité, de la tolérance et de l'antiracisme), les migrants africains (les autres ne l'intéresse pas), etc ... et qui, surtout, pratique assidument, mais seulement en parole, l'activisme "caviar" et chic.

Le "boubour" (le mot est plus que malheureux parce que péjoratif et dédaigneux) signifie "bourgeois bourrin" et désigne le bourgeois provincial qui veut maintenir vivantes la tradition et les valeurs d'un art de vivre propre à son terroir (donc incompréhensible pour un citadin qui n'a plus ni terroir, ni art de vivre, ni valeurs, ni tradition, et qui vit "hors sol" dans un monde totalement artificiel et malsain, tant physiquement que mentalement).

 

Je pense que la quadripartition de Thibault Muzergues n'est pas la bonne. Il faut, je crois, la compléter par cette cinquième catégorie que sont, précisément, les bobos citadins, les "hors-sol", les névropathes urbains.

On aurait alors un paysage plus complet :

  1. Les créatifs,
  2. Les bobos,
  3. Les traditionnalistes,
  4. Les nostalgiques,
  5. Les activistes,

chacun représentant, en gros, un cinquième de la population.

En France, c'est l'alliance des trois premiers qui a mis Emmanuel Macron au pouvoir et qui a laminé Le Pen et Mélenchon. Mais cette alliance est fragilisée par l'inconstance et l'incohérence des bobos qui, quoiqu'il arrive, vont là où souffle le dernier vent à la mode (et la mode est au "Macron Bashing" du fait des médias trop enclins à ressasser, faute d'intelligence, les ronchonneries des activistes - qui, à leur manière sont aussi des nostalgiques mais de la nostalgie des vieilles utopies et idéologies surannées).

Marc HALEVY, 7/2018