Tisserand de la compréhension du devenir
Conférencier, expert et auteur

Emergences et sauts de complexité.

Toute l'histoire du Réel n'est qu'une longue suite - qui s'accélère - d'immenses sauts de complexités

Chacun de ces sauts entame une série de cycles successifs tous construits sur le même schéma, mais à différentes échelles : émergence, croissance, apogée, déclin et effondrement ; effondrement qui engendre un chaos tensionnel qu'il faut dissiper éventuellement par une nouvelle émergence, et ainsi de suite ….

 

A titre d'exemple (cfr. mon "Où va l'humanité ?" paru aux éd. Diateino en 2021), l'histoire de l'humanité est composée d'une série de cycles civilisationnels  de 1650 ans en moyenne (mythologique de -1250 à 400, messianique de 400 à 2050, panenthéique à partir de 2050 …), où l'on retrouve systématiquement trois cycles paradigmatiques successifs de 550 ans, en moyenne, chacun. Ainsi, notre époque de grand chaos vit, en même temps, la fin du cycle civilisationnel messianique (celui des religions et des idéologies du Salut) et la fin du cycle paradigmatique de la Modernité (celui du Salut par le Progrès, scientifique, social ou technologique).

 

L'émergence de la Matière (des neutrinos et des protéus dans les noyau protogalactiques) et de la Lumière qui l'accompagne, date d'il y a un peu plus de treize milliards d'années.

Avant cette émergence fabuleuse, le cycle protomatériel - lui-même précédé de la très longue période prématérielle dont nous ne savons pratiquement et ne saurons probablement  rien - fut une longue période d'essais et erreurs à la recherche des structures nanoscopiques (les "grumeaux" matériels stables) et gigascopiques (les "lois et constantes" universelles stables) qui allaient rendre l'émergence de la Matière que nous connaissons.

 

Chaque saut de complexité suit la même logique constructive :

 

  • Le point de départ est un état chaotique sursaturé de tensions qui cherchent à se dissiper le plus efficacement possible soit par dilution externe (si le milieu le permet et peut "accueillir" de tels surplus), soit par émergence de structure de complexité supérieure (c'est évidement ce cas de figure qui nous intéresse le plus, même s'il est le plus rare comme le confirme la loi thermodynamique de l'entropie croissante).
  • Ne nous attardons pas sur les modalités de l'évacuation des tensions vers l'extérieur (nous l'avons bien compris avec la production des neutrinos en masse, lors que passage de la protomatière à la matière).
  • Le processus d'émergence, déjà décrit plus haut, est autrement plus intéressant et se déroule en trois phases successives :
    • l'agglutination de "grumeaux" assez instables dans des magmas peu structurés qui rassemblent beaucoup d'activité et libèrent, ainsi, une part du volume, sans apporter réellement de solution à l'indispensable dissipation tensionnelle ;
    • l'encapsulation de cet agglomérat par un processus d'enfermement dans une membranes qui peut être :
      • matérielle comme, par exemple, une ampoule lipidique qui deviendra une cellule procaryote,
      • logicielle comme, par exemple, une proto-étoile qui est une masse de "poussières sidérales", enfermée dans un puits de potentiel gravifique,
      • ou constructionnelle comme, par exemple, un bourg médiéval qui grossit et s'étend, et s'entoure d'un mur d'enceinte pour devenir ville-forte.
    • l'architecturation qui organise l'intérieur de la "capsule" notamment en instituant des spécialisations, des interactions, des interrelations, des fonctions différenciées, … bref : qui instaure un métabolisme d'ensemble qui transforment des "ingrédients" indépendants en "constituants" interdépendants.

 

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