Les fondements du Judaïsme.
Au-delà de ses trois phases historiques (monolâtre avec le lévitisme, monothéiste avec le rabbinisme et utopique avec le sionisme) et de ses divers courants (archaïque avec le hassidisme, juridique avec le talmudisme et mystique avec le kabbalisme), comment pourrait-on exprimer simplement le fondement du judaïsme ?
Je dirais :
- Le Réel est cohérent et cette cohérence vient de la Loi.
- Le peuple juif témoigne que cette Loi est divine (méta-humaine).
- La Loi s'exprime dans deux livres : celui de la Nature (qui émane du Divin qui lui est immanent par la Matière, la Vie et l'Esprit) et celui de la Torah (écrite en hébreu par des humains inspirés, pour des humains).
Tout le reste n'est qu'herméneutique, conjectures et commentaires.
Les croyances en l'immortalité de l'âme personnelle, en la vie après la mort, en la venue d'un Messie salvateur, ne font pas partie du fondement du judaïsme (tout cela est totalement absent de la Torah), mais sont des ajouts pharisiens et rabbiniques récents (à partir, surtout, du 2ème siècle avant l'ère vulgaire) qui se sont amplifiés dans le christianisme issu de ces milieux-là.
Ces notions sont totalement étrangères au lévitisme et au sadducéisme originels orthodoxes (et à la Kabbale pré-zoharique et zoharique qui est leur héritière).
On peut aussi s'interroger sur ce qui fait "l'âme juive", le fondement de "l'être juif". Dans ce portrait, forcément incomplet et subjectif, on trouvera sans doute le goût immodéré pour l'étude et la connaissance, la pratique du sens critique, la méfiance envers le monde non-juif, le culte de la généalogie tant celle de sa tradition que celle de sa famille, l'humour (juif, bien sûr, avec beaucoup d'autodérision) et la solidarité (l'esprit communautaire sans le moindre communautarisme).
En revanche, on ne trouvera pas, dans ce "portrait", le fait d'être banquier, révolutionnaire gauchiste, avare et grippe-sou (ce sont des caractéristiques de tous les milieux pauvres, pas spécialement juifs), etc …
Enfin, pour compléter le tableau, il est important de bien spécifier que la judéité est une culture et non une race. La "race juive", cela n'existe pas d'un point de vue génétique ou biologique ; il y eut et a encore, au sein de la Maison d'Israël, des myriades de conversions, d'intermariages, d'adoptions d'enfant, … malgré les formelles interdictions chrétiennes.