Mercredi 05 novembre 2025
D'Henry Regnault : "TRUMP ET L’HÉGÉMONIE AMÉRICAINE: Résurrection du Phénix ou Chant du Cygne ?
Voilà un an que Trump a été élu à nouveau à la Présidence américaine et que se mettent en place des politiques de rupture particulièrement musclées, avec l’objectif de confirmer ou de restaurer l’hégémonie américaine : politique commerciale protectionniste très agressive, politique monétaire et financière cherchant à affaiblir le taux de change du dollar pour favoriser la compétitivité de l’économie américaine, politique migratoire drastique visant à freiner la concurrence étrangère sur le marché du travail américain et à contenir l’hétérogénéité culturelle de la société américaine, retrait d’organisations internationales jugées inutiles et trop coûteuses tout comme d’accords internationaux trop contraignants. On doit se demander quel impact ces politiques vont avoir sur l’hégémonie américaine : renouveau (Résurrection du Phénix) si les effets positifs directs l’emportent, ou bien à l’inverse, si les effets pervers dominent, confirmation et approfondissement du déclin (Chant du Cygne). Je ne peux pas cacher que je penche plutôt pour la deuxième hypothèse : les États-Unis se sont peut-être engagés dans le piège d’une machine à perdre. (...)
Inventaire des ruptures américaines ...
Ces ruptures sont multiples : une rupture démocratique qui place les États-Unis sur une trajectoire illibérale ; une rupture géopolitique qui éloigne les États-Unis de leurs convictions anticoloniales ; une rupture scientifique qui rapproche les États-Unis du lyssenkisme soviétique ; une rupture idéologique qui fait flirter les États-Unis avec les thèses techno-fascistes des gourous de la Silicon Valley, aux antipodes de l’humanisme occidental ; et enfin, la plus spectaculaire parce que aussi imposante qu’un éléphant au milieu du salon, la rupture commerciale du retour à un protectionnisme par ailleurs étendu au domaine migratoire. (...)"
Nous vivons la fin du cycle de la Modernité commencé à la Renaissance.
La crise populiste aux USA, la déconfiture politique européenne et l'impérialisme technoéconomique de la Chine en sont les plus flagrants et spectaculaires signes.
Ces signes pointent cinq bifurcations majeures :
- La fin de l'étatisme : les Etats-Nations sont moribonds et les vrais centres de décisions ne sont plus ni dans les gouvernements, ni dans les bureaucraties fonctionnaires étatiques.
- La fin du mondialisme : la mondialisation s'achève ou plutôt s'effondre en même temps que l'hégémonie mercantiliste et financiariste des USA.
- La fin du multilatéralisme : les méga-organisations internationales sont en pleine déconfiture et ne sont plus ni respectées, ni efficaces : l'ONU en est le plus spectaculaire exemple.
- La fin de l'idéologisme : tous les messianismes, tant religieux que politiques, ont perdu toute crédibilité ; le problème n'est plus "les lendemains qui chantent", mais le "maintenant qui ne déchante pas".
- La montée du continentalisme : le monde humain de demain se subdivise déjà en huit continents (Euroland, Américanoland, Latinoland, Afroland, Islamiland, Russoland, Indoland et Sinoland) qui fondent, en même temps, leur autonomie maximale, leurs complémentarités utilitaristes et leurs défiances réciproques.
Il faudra éclaircir, une bonne fois pour toutes, la relation entre le politique et l'économique.
L'économique est affaire d'entrepreneurs détenteurs d'un métier et d'un projet, et d'entreprises productrices de valeur d'usage.
Le politique est affaire de politiciens détenteurs d'un pouvoir et d'une ambition, et d'institutions bureaucratiques productrices de règlements et de procédures.
C'est évidemment l'interaction entre ces deux mondes parallèles qui fait problème puisque l'économique est soumis aux lois en vigueur et que le politique a besoin de ressources financières.
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Il faut distinguer Fraternité et Amitié (ou camaraderie, etc ...). On est Frère parce que l'on a même Père et même Mère, et la Franc-maçonnerie régulière définit ce Père comme le Grand Architecte de l'Univers et cette Mère comme la Tradition initiatique (qui inclut les "Anciens usages" - the Old Charges - et les "Bornes cadastrales" - the Landmarks).
La question centrale porte sur la nature de ce Grand Architecte de l'Univers. La réponse varie un peu selon les pays, les obédiences et les rites pratiqués. Mais dans tous les cas, il s'agit du Divin, de l'Ineffable, de l'Absolu, ... que je définirais volontiers comme le moteur de l'évolution et de la construction du grand Tout (avec, bien sûr, selon les convictions de chacun, le sentiment que ce moteur est intrinsèque au Tout - ce qui est mon cas en tant que tenant du panenthéisme - ou extérieur au Tout - ce qui est le cas pour les théistes dualistes).
Mais qu'importe au fond. Le Réel reste un vaste chantier où tout se construit, tout le temps, partout, selon une logicité cosmique qui est l'objet des études cosmologiques. Et le mot grec Kosmos est essentiel car il prend, en français, deux sens complémentaires : celui d'Ordre et celui d'Harmonie ... ce qui est un parfait résumé de ce qu'est l'essence de la Franc-maçonnerie.