Expertise & Prospective dans le monde réel

Mercredi 19 novembre 2025

La quête de la Vérité (qui est, en somme, l'essence de la philosophie et de la science) est un processus complexe comme les autres.

Tout part de l'idée fondamentale que cette Vérité existe et qu'elle est "une". Ceci posé, quatre piliers doivent être clairement définis.

Le premier est celui de l'existence d'une Réalité existante, d'un domaine réel sur lequel travailler : la recherche de la Vérité d'un mythe (religieux ou idéologique) ou d'un délire imaginaire n'aurait aucun sens.

Le deuxième est l'affirmation d'une Intentionnalité claire et non ambigüe qui est de découvrir la Vérité vraie (autant que faire se peut) et non de duper ou de tromper ou de convaincre ou de convertir qui que ce soit.

Le troisième est l'accès à une Substantialité c'est-à-dire à des faits avérés, à des expériences fiables, à des ressources validées.

Le quatrième est l'usage obstiné d'une Logicité c'est-à-dire d'une méthode (une logique, une dialectique) qui soit forte et incontestable afin de l'appliquer avec constance et rigueur.

Le cinquième est le travail lui-même de la pensée, sa Constructivité qui est ce chantier intellectuel pour y construire la Vérité sur ce domaine, avec cette intention claire et pure, avec ces ressources avérées, avec cette méthodologie rigoureuse.

Tout ceci ne garantit aucunement ni que la Vérité vraie sera atteinte, ni que des démarches adéquates différentes aboutiront nécessairement aux mêmes résultats. Mais tout ceci garantit que l'on construit une véracité meilleure qui, certes, n'atteindra jamais l'inaccessible Vérité vraie et absolue, mais contribuera à faire progresser la Connaissance humaine (trop humaine).

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 Notre époque, sans le savoir, est largement disciple de l'école cyrénaïque d'Aristippe : hédonisme radical et immédiat (mais guidé par la sagesse et la modération), anthropocentrisme nombriliste, indifférentisme, pragmatisme. Rien ne compterait que le plaisir physique et matériel d'ici et maintenant. Tout le reste ne serait que bavardages inutiles.

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 Pour l'école cynique d'Antisthène et Diogène, la seule chose qui puisse compter est la pratique permanente de la vertu concrète et naturelle, au mépris total des valeurs sociétales, culturelles et ordonnatrices.

En ce sens, tous les gauchismes sont des cynismes pour lesquels la vertu s'appelle "justice égalitariste" et la concrétude s'appelle "bureaucratie".

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 L'idée de causalité est le fruit de cette intuition que tout ce qui arrive, a une ou des causes et que les évènements forment une vaste chaîne d'interrelations, c'est-à-dire un "réseau processuel".

Leibniz avait eu cette intuition : "rien n'arrive sans raison" ...

Ce qui suit, est le conséquence de ce qui précède, même s'il peut y avoir du hasard qui s'y emmêle. Mais ce causalisme généralisé n'implique aucunement quelque déterminisme absolu que ce soit.

Le fond de cette problématique est celle-ci : la bipolarité ontique du Réel "oppose" la Réalité (ce qui existe vraiment maintenant) et l'Intentionnalité (ce qui pousse tout ce qui existe, à accomplir sa plénitude).

Cette bipolarité, sur tous les niveaux, engendre des tensions qui sont "gérées" par un principe simple (mais pas "facile" pour autant) : celui de la Logicité du Réel qui est la dissipation optimale d'un maximum de tensions.

Ce principe induit un "hexagramme" de six scénarios possibles de dissipation. Cela signifie que chaque "présent" est lourd de six "futurs" possibles (et non d'un seul comme le voudrait le déterminisme mécaniste).

Chaque situation globale rend l'un ou l'autre des six scénarios plus probable que les autres, voilà tout.

Au fond, le principe de causalité qui lie l'évolution de tout avec tout, n'est rien d'autre qu'une conséquence du principe de l'unité foncière du Réel qui est Un.

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 Il faut inverser ce que l'on fait dire à la "relativité générale" : c'est la production permanente de ce que Einstein appela "énergie du vide" qui implique l'expansion de l'univers ; et non l'inverse.

Cette "énergie du vide" n'est autre que la Substance primordiale (la "Hylé" ou "énergie noire") prématérielle dont émergea les "particules" protomatérielles instables, puis les "particules" matérielles stables qui constituent la Matière qui nous constitue et que nous connaissons.

Wikipédia en dit ceci : "L'énergie du vide est une énergie sous-jacente qui existe partout dans l'espace, à travers l'Univers. Il s'agit du cas particulier d'énergie de point zéro d'un système quantique, où le « système physique » ne contient pas de matière."

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 Il y a la réalité du réel. Il y a sa perception, forcément déformée et incomplète.

Il y a sa représentation/modélisation au travers d'un langage humain forcément simpliste et réducteur. Il y a la validation empirique de cette représentation au travers d'expériences forcément simplifiantes et biaisées.

Quelle conclusion en tirer ? Celle du scepticisme qui nous condamne à l'ignorance réelle du Réel. Celle du constructivisme qui construit une véracité croissante qui, par essais et erreurs, avec humilité et rigueur, tend vers une connaissance du Réel de plus en plus fiable.

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