Tisserand de la compréhension du devenir
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La constitution du Grand Orient de France.

Comment la Franc-maçonnerie authentique et traditionnelle a été détournée, retournée et dévoyée en France …

Le sommet de la bêtise et de la totale négation de la Franc-maçonnerie régulière a été atteint, depuis longtemps, par le Grand Orient de France (qui n'est pas une obédience maçonnique, même si elle se prétend telle). Sa constitution, écrit fondateur s'il en est, le démontre à suffisance :

 

"La franc-maçonnerie, institution essentiellement philanthropique, philosophique et progressive, a pour objet la recherche de la vérité, l’étude de la morale et la pratique de la solidarité ; elle travaille à l’amélioration matérielle et morale, au perfectionnement intellectuel et social de l’Humanité. Elle a pour principes la tolérance mutuelle, le respect des autres et de soi-même, la liberté absolue de conscience [...] Elle se refuse à toute affirmation dogmatique. Elle attache une importance fondamentale à la Laïcité. Elle a pour devise : Liberté, Égalité, Fraternité."

 

Par ces mots débute l’actuelle constitution du Grand Orient de France, obédience pseudo-maçonnique fondée en 1773 par le duc de Montmorency-Luxembourg qui a complètement dégénéré au cours du 19ème siècle jusqu'à être complètement rejetée par la Franc-maçonnerie universelle en 1871 …

Tout dans ce texte démontre une totale incompréhension et ignorance de la réalité, de la tradition et de l'Ordre maçonnique ; elle reflète cette "voie substituée" que reprend le titre d'un bon livre de Jean Baylot et Marius Lepage.

En un mot comme en mille, le Grand Orient de France et toutes les "obédiences" qui en procèdent (on compte 220 obédiences "maçonniques" en France où la sécession est un sport national) n'ont rien de maçonnique et doivent être dénoncées comme tel.

 

La franc-maçonnerie, institution essentiellement philanthropique …

La Franc-maçonnerie (l'absence de majuscule est déjà symptomatique d'une profanisation et d'une profanation) n'a absolument rien de philanthropique ; elle est au contraire un aristocratisme spirituel qui déplore, à chaudes larmes, que la grande majorité des humains soient d'irrémédiables crétins … De plus, la philanthropie qui est "l'amitié des humains", désigne plus spécialement une activité charitable de distribution d'argent vers ceux que l'on croit nécessiteux, ce qui est le devoir des Etats-Providence et non de la Franc-maçonnerie.

 

La franc-maçonnerie, institution essentiellement philosophique …

La Franc-maçonnerie n'est pas philosophique et laisse la philosophie aux bons soins des facultés académiques, sachant le danger qu'il y a de sombrer dans la philosophie de comptoir qui n'est que masturbation d'ignares … La Franc-maçonnerie, en revanche, se définit comme une tradition spirituelle et une pratique initiatique de la spiritualité.

 

"La franc-maçonnerie, institution essentiellement progressive …

La Franc-maçonnerie n'a rien à faire du progrès (ni progressiste, ni progressive) sachant trop que le progrès, qu'il soit sociétal, social, politique ou économique, est une notion floue et très relative, qui a été tant utilisée par toutes les idéologies totalitaires pour imposer leurs fantasmes quant à l'avenir … Le seul progrès qui puisse intéresser un Franc-maçon, c'est son progrès spirituel intérieur sur la voie initiatique.

 

La franc-maçonnerie a pour objet la recherche de la vérité …

La Franc-maçonnerie n'a nullement pour objet la recherche de la vérité (laquelle donc ? selon quel critère ? dans quel domaine ? etc …) et laisse cette quête aux scientifiques ; elle a pour seul objet la construction du Temple à la Gloire du Grand Architecte de l'Univers, c'est-à-dire de contribuer, autant que faire se peut, à la cohérence du Réel. La Franc-maçonnerie tend vers une Connaissance, vers une Gnose indicible, d'essence spirituelle et mystique.

 

La franc-maçonnerie a pour objet l’étude de la morale …

La Franc-maçonnerie n'a rien à faire de la morale (les mœurs généralement adoptés), mais tout à faire de l'éthique (les règles de comportement individuel que chacun doit se construire pour construire l'harmonie avec les lois cosmiques).

La morale ne reflète que les mœurs d'usage et ne désigne que ce que Nietzsche appelait la "moraline" distillée par ceux qui "font de la morale". L'ordre maçonnique commence par une mise en ordre intérieure où chacun doit se donner des règles de conduite avec soi, avec ses Frères et avec le monde. Ces règles ne sont pas nécessairement conformes à la morale ambiante, surtout dans les contrées totalitaires et dictatoriales, barbares ou intégristes.

 

La franc-maçonnerie a pour objet la pratique de la solidarité …

La Franc-maçonnerie n'a pas à pratiquer la solidarité ; il y a les assistanats étatiques pour cela ; la Fraternité maçonnique est une forme de solidarité mais seulement entre les œuvriers qui travaillent sur le chantier du Temple. En tant que personne libre, chaque Franc-maçon a totalement le droit de pratiquer les règles positives de conduite qui lui conviennent (comme la solidarité, la charité, l'amour du prochain, etc …). Mais ces règles n'ont rien de spécifiquement maçonniques : la spiritualité maçonnique n'a rien à voir avec l'humanisme qui est une philosophie profane.

 

La franc-maçonnerie travaille à l’amélioration matérielle et morale, au perfectionnement intellectuel et social de l’Humanité …

La Franc-maçonnerie ne travaille nullement "à l’amélioration matérielle et morale, au perfectionnement intellectuel et social de l’Humanité" ; il y a les institutions politiques, les idéologies politiques, les partis politiques et les élus politiques pour cela ; la Franc-maçonnerie n'est ni un anthropocentrisme, ni un humanisme, ni un progressisme, et n'a que faire de l'humanité prise comme un tout ; elle se place "par-delà bien et mal" au seul service de la construction du Temple, c'est-à-dire au seul service de l'accomplissement de la Vie et de l'Esprit …

 

La franc-maçonnerie a pour principe la tolérance mutuelle …

La Franc-maçonnerie ne pratique la "tolérance" qu'avec ceux qui la pratique en retour, mais, plus fondamentalement, méprise radicalement les opinions et les croyances de ceux qui ne savent qu'opiner et croire.

Plus judicieusement, il faudrait dire que la Franc-maçonnerie ne tolère absolument pas l'intolérance, ce qui ne revient nullement au même. L'intolérance ne fait que refléter l'ignorance, la bêtise, la violence et la haine des malfaisants qui la pratique et qu'il faut combattre sans mollesse ni pitié.

 

La franc-maçonnerie a pour principe le respect des autres et de soi-même …

La Franc-maçonnerie ne respecte que qui le mérite par ses œuvres au service de la Vie et de l'Esprit … La Vie et l'Esprit doivent être respectés sous toutes leurs formes, humaines ou non, car ils reflètent ce qu'il y a de plus divin et de plus sacré dans le Réel. Un Franc-maçon ne cultive que ce qui est divin et sacré en lui et autour de lui ; le reste l'indiffère.

 

La franc-maçonnerie a pour principe la liberté absolue de conscience…

Ce principe a de quoi faire sourire ceux qui connaissent l'anticléricalisme et l'athéisme militant tant et tant pratiqués par le Grand Orient et ses imitateurs. La Franc-maçonnerie respecte la liberté de conscience uniquement envers ceux qui sont capables de liberté réelle et vécue et de conscience réelle et vécue ; la plupart des humains ne sont que des esclaves consentants (cfr. "La servitude volontaire" d'Etienne de la Boétie) qui ne pensent que ce que les démagogues (politiques, religieux, idéologiques, …) leur inculquent …

 

La franc-maçonnerie se refuse à toute affirmation dogmatique …

L'expression est d'autant plus amusante que le Grand Orient pratique un dogmatisme antireligieux et athéiste souvent virulent, spécialement envers l'Eglise catholique qui est sa "bête noire" depuis qu'il est devenu lui-même sous la troisième république.

La Franc-maçonnerie est au-delà de tous les dogmatismes, du fait de sa méthode initiatique qui appelle, partout et toujours, une herméneutique vivante ; le dogme appelle une religion et les religions ne la concernent pas, elle, qui pratique la spiritualité (la spiritualité est l'art de poser les questions alors que la religion est l'art d'imposer des réponses).  …

 

La franc-maçonnerie attache une importance fondamentale à la Laïcité …

Par parenthèse, la majuscule de "Laïcité" est symptomatique de la sacralisation de l'antireligion obsessionnelle du Grand Orient.

En fait, la Franc-maçonnerie est totalement étrangère à la laïcité qui est une position politique de séparation d'institutions concurrentes qui ne la concernent pas …

La laïcité est un disposition juridique qui ne concerne que le monde profane et qui, le plus souvent, cache un laïcisme qui, lui-même, n'est qu'une militance antireligieuse et athéiste. Cela dit, l'antireligion et l'athéisme sont des postures qu'un Franc-maçon peut très bien respecter, mais qui dénotent une rejet du divin et du sacré qui est incompatible avec la spiritualité et le cheminement initiatique.

 

La franc-maçonnerie a pour devise : Liberté, Égalité, Fraternité …

Les devises de la Franc-maçonnerie sont nombreuses, par exemple : "Rassembler ce qui est épars" ou "Ordo ab chao" ou "Liberté de passer" … mais certainement pas la funeste devise révolutionnaire française qui est une contradiction et une ânerie dans les termes : la plupart des humains ne sont ni libres, ni égaux, ni fraternels , et ne le deviendront jamais … Ils sont trop médiocres pour cela …

De plus …

La Liberté n'existe pas : nul n'est véritablement libre, mais chaque Franc-maçon doit apprendre à se libérer et à devenir autonome dans toutes les dimensions de son être et de son existence, dans son corps, dans son cœur, dans son esprit et dans son âme.

L'Egalité est une absurdité : rien, jamais, n'est l'égal de quoique ce soit : tout ce qui existe est unique et différent de tout le reste, et c'est précisément cette différence qui fait la richesse du monde. La différence s'implique jamais le moindre droit de dominer ou d'oppresser, mais elle appelle, au contraire, à cultiver les complémentarités nécessaires à toute communion (cum munire : "construire ensemble").

La Fraternité n'est ni amitié, ni copinage, ni sentiment : on choisit ses amis, mais pas ses Frères. Être Frère, c'est avoir même Père et même Mère, et les Francs-maçons sont Frères parce qu'ils ont le même Père qui est le Grand Architecte de l'Univers et la même Mère qui est la tradition initiatique et spirituelle. La Fraternité n'a de sens que dans la communion, c'est-à-dire dans le fait de s'engager ensemble sur le même chantier, en vue de construire le même Temple, au sens divin et sacré de ce mot.

 

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