Tisserand de la compréhension du devenir
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"La fin de la Chrétienté"

De Françoise Delsol Notes de lecture

En accord avec Chantal Delsol ("La fin de la chrétienté") sur le fond, mais pas sur les mots …

Ce qui meurt sous nos yeux ce n'est ni le christianisme (il y aura toujours une minorité de croyants face aux Evangiles), ni la chrétienté (il y aura toujours une minorité de nostalgiques face à l'histoire), c'est la christianité c'est-à-dire le fond civilisationnel qui, de 400 à 2050, aura forgé l'histoire intellectuelle et spirituelle de l'Europe, en général, et de la catholicité, en particulier.

Car, soyons clairs : c'est la théologie catholique qui a été le parangon de cette christianité haïssable, de cette dualisation platonicienne (le monde céleste de Dieu et le monde terrestre du Diable), de cette binarisation morale (le camp du Bien et le camp du Mal).

La christianité s'est revendiquée d'une Trinité, mais elle s'est forgée dans la dualité. C'est en cela qu'elle fut détestable !

 

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On parle trop de la "révolution française" qui ne fut qu'émeutes parisiennes vite récupérées par le pire des tyran, Robespierre. Avant cette fumisterie, il y eu la révolution néerlandaise, puis la révolution anglaise, puis la révolution américaine (trois pays anticatholiques) qui, toutes trois, furent de belles réussites encore vivantes aujourd'hui.

Il est temps de dénoncer et de répudier la mythologie révolutionnaire française inventée, de toutes pièces, par les "historiens" socialistes de la troisième république, du genre Michelet !

 

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Une politique déspiritualisée ne peut que sombrer dans le calcul électoral !

Lorsqu'il n'y a pas de projet transcendant, il ne reste qu'une course au pouvoir pour le pouvoir.

 

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La Modernité, dernier des trois stades de la Christianité, a été, au cours des deux siècles qui précèdent, l'amplificateur des contradictions internes de ce système civilisationnel. La Modernité s'effondre en même temps que cette Christianité qu'elle a tout fait pour saper.

Il ne s'agit donc pas de célébrer le triomphe de l'une contre l'autre ; il s'agit de comprendre que l'une n'est que l'agonie logique de l'autre, comme l'alcoolisme du vieillard serait la conséquence logique du faux ascétisme absurde de l'homme jeune.

 

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La Modernité n'est pas le triomphateur de la Christianité ; elle n'en est que le chant du cygne : la Modernité meurt en même temps que la Christianité.

Un nouveau socle civilisationnel doit être construit qui ne sera ni chrétien, ni moderne.

 

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L'Antiquité a cru en l'Harmonie.

La Christianité a cru au Salut.

En quoi croira le nouveau socle civilisationnel qui vient ? Je plaide pour la Paix !

Foutez-vous la Paix. Foutez-nous la Paix.

Vivez votre vie comme vous voulez, sans emmerder personne.

 

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Il est totalement erroné de confondre le nazisme allemand de Hitler avec les fascismes italien, espagnol et portugais de Mussolini, de Franco ou de Salazar.

Le premier était une exaltation du paganisme réinventé alors que les trois autres visaient la restauration d'un ordre chrétien, catholique et autoritaire (et Pie XII en fut le terrible complice).

Quant au communisme, l'autre face du totalitarisme abject, il ne fut qu'une apologie hallucinée d'une Modernité antichrétienne, donc fondée, à l'envers, sur la Christianité comme repoussoir absolu, mais totalement dépendant d'elle (le socialisme et le communisme ne sont que des christianismes laïcisés, déspiritualisés, désacralisés – cfr. Nietzsche –, des "religions du Salut" cul par-dessus tête).

 

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Outre l'exception de l'athéisme (nier la logicité et la cohérence du Réel et faire l'apologie du hasardisme n'ont plus guère de sens, ), l'évolution spirituelle du monde occidental passe du théisme dualiste au déisme moniste (au panenthéisme, donc) et, ainsi, rejoint les grandes spiritualités asiatiques (hindouisme, shivaïsme, taoïsme, zen – j'exclus le bouddhisme qui n'est pas une spiritualité, mais une pratique ascétique).

 

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Il est temps d'éradiquer, une bonne fois pour toutes, toutes les formes de surnaturalisme : rien n'est surnaturel, tout est naturel !

 

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De Chantal Delsol :

 

"Ni les juifs ni les protestants ne sont universalistes. Le Dieu des juifs semble bien se préoccuper exclusivement de son Peuple Elu, et les protestants s'intéressent surtout à la protection de la conscience individuelle. Ni les uns ni les autres ne se vouent au prosélytisme, qui représenterait pour eux une sorte d'outrecuidance et de vulgarité. Les chrétiens et les musulmans, en revanche, sont universalistes : la volonté d'englober tous les humains fait partie de leur mission terrestre (…)."

 

Transmettre une tradition parmi les siens et chercher la conversion des autres, sont deux processus sans commune mesure ; le premier est naturel, le second est pervers.

 

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Le christianisme triomphant du 5ème siècle a démocratisé (et dénaturé) l'éthique élitaire et aristocratique du stoïcisme.

 

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Il est erroné de croire en une alternance civilisationnelle binaire : le passage du naturalisme au surnaturalisme, puis le passage inverse.

Ce n'est pas vrai. Il y a plutôt des sauts de complexité civilisationnelle : la christianité instaure un ordre plus complexe que l'antiquité, mais elle s'effondre aujourd'hui du fait de son incapacité à donner des réponses aux réalités d'un monde devenu autre, pour des tas de raisons.

 

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L'Antiquité (de -1250 à 400) fut mythologique.

La Christianité (de 400 à 2050) fut théologique.

Le nouveau cycle civilisationnel (de 2050 à 3700) sera cosmologique.

 

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Pour la plupart, est vrai ce qui plaît.

Confusion dangereuse entre vérité et beauté.

Un beau récit n'est pas forcément un récit vrai, même s'il donne envie d'être cru.

La vérité n'est pas forcément belle !

 

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Croyance n'est pas connaissance.

 

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Christianisme, socialisme, communisme, collectivisme, solidarisme et utopisme forment une seule et même idéologie du Salut, une seule et même espérance en un "autre monde" que le monde réel.

Un rejet du Réel et une fuite dans l'imaginaire.

 

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Le problème n'est pas de savoir si le Réel est idéal (il ne l'est évidemment pas) ; le problème est de comprendre que le Réel seul est réel et que le fuir est une sottise.

 

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L'idée qu'il existe une "morale naturelle" n'est pas fausse, mais elle est dangereuse. Que les lois de la génétique prohibent l'inceste, cela va de soi ; mais ce n'est pas à cause d'un principe moral, mais bien à cause des mécanismes de dégénérescence génétique liés à la consanguinité.

Qu'il y ait des lois dans la Nature, c'est indéniable, mais ces lois n'ont aucun caractère moral : le fait que la gravitation interdise aux humains de s'élever naturellement dans les airs, n'implique nullement que le fait de sauter en l'air soit une faute morale.

 

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L'humanitarisme (qu'il ne faut pas confondre avec l'humanisme ou, autrement dit, l'anthropocentrisme, ce nombrilisme narcissique) est une forme généralisée de philanthropie : puisque tous les humains seraient aimables, il faudrait tous les aider à mieux vivre.

La prémisse est fausse : tous les humains ne sont pas aimables, bien loin de là, et même, tout au contraire, la plupart sont monstrueusement détestables.

 

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Le christianisme, au fond, n'a été que la vulgarisation, par le citoyen romain Paul de Tarse, d'une ontologie idéaliste et dualiste à la Platon et d'une morale stoïcienne dégradée, tournée à la sauce romaine.

 

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Les principes d'égalité et de solidarité ont forgé toutes les idéologies de la Modernité finissante.

Il est temps d'en sortir !

 

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La christianité fut le cycle civilisationnel du Salut, d'abord religieux et dogmatique, puis idéologique et politique.

Maintenant, le monde découvre que cette notion de Salut est totalement vide.

Il n'y a pas de "Salut" ; il n'y a que le Réel qui emmène tout avec lui vers son propre accomplissement.

 

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Au fil du temps, l'éthique aristocratique (le sens de l'honneur) s'est muée en morale populaire, puis en lois étatiques, puis en droit judiciaire.

Aujourd'hui, les zones de "non-droit" prolifèrent.

Une nouvelle éthique aristocratique doit donc émerger pour s'opposer à la bienpensance wokiste (victimisme, égalitarisme, solidarisme, intersectionnalisme) et à son puritanisme nauséabond.

 

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Le vrai pouvoir est celui qui définit l'histoire.

Chaque nouveau régime réécrit l'histoire qui lui convient.

Et bien des historiens, en ce sens, par carriérisme sans doute, sont des traitres et des lâches.

 

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De Chantal Delsol :

 

"(…) le présent qui se croit habilité à juger le passé dans son entier, se sent parfait."

 

C'est ô combien le cas aujourd'hui avec les procès, sans queue ni tête, du colonialisme, de l'industrialisme, de l'hétérosexualité, du patriarcat, etc …

 

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L'art contemporain (si l'on peut encore appeler "art" ces machins absurdes et laids) est l'expression la plus forte du nihilisme du 20ème siècle : la négation absolue et radicale de toute norme, de toute règle, de toute sueur, de toute virtuosité. Tout avait commencé dans les années 1920 par un déconstructivisme obsessionnel : il fallait absolument et radicalement sortir de la tyrannie du beau, de l'harmonieux, du mélodieux, du formalisme, de l'académisme, etc …

Pas de limite ni de contrainte au génie brut et sauvage !

Et l'on oublia cette sentence de Michel-Ange : "Le génie, c'est cinq pourcents d'inspiration et quatre-vingt-quinze pourcents de transpiration".

 

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Le problème des religions, c'est qu'elle sont populaires, c'est-à-dire, étymologiquement, vulgaires.

 

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Il est urgent que les tenants qui s'accrochent encore aux monothéismes agonisants, comprennent le fond des choses : le dualisme ontique est obsolète et le monisme ontique est la seule voie d'avenir pour la spiritualité.

 

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On ne naît pas humain ; certains le deviennent.

 

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Le catholicisme a tué le christianisme.

Le cléricalisme a tué le catholicisme.

L'indifférentisme a tué le cléricalisme.

Dont acte !

 

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Les religions sont des voies de l'extériorité ; elles doivent disparaître pour ne plus préserver que les voies de l'intériorité qui sont celle de la spiritualité authentique et personnelle.

La Foi ? Oui ! Les croyances et les mythes ? Non !

 

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Toutes les religions – sauf une, la plus pauvre : l'Islam – sont en train de disparaître ou, plutôt, de se transformer en pratique spirituelle intérieure et personnelle.

Et c'est une excellente chose.