Contre-théorie du Socialisme
Le point de départ de tous les socialismes, et des doctrines assimilées (nazisme, fascisme, trotskisme et maoïsme compris), est la "justice sociale" c'est-à-dire les mécanismes de redistribution "équitable" de la richesse produite. Ce magma idéologique où l'on trouve tout et son contraire, procède cependant d'une logique de fond unique qu'il faut décrypter et dénoncer car elle est dramatiquement fallacieuse et délétère.
Fondement des socialismes
Tout part et revient à la notion artificielle et jamais définie de "justice sociale". Voyons ces deux termes : "social" et "justice".
L'adjectif "social" annonce déjà qu'il s'agit d'une approche générale qui concerne le grand nombre, là où peuvent jouer tous les raisonnements probabilistes et statistiques. "Social" est le mot de Gauche pour dire sociétal : la "justice sociale" prône une "société (plus) juste". Mais la démarche "sociale" recèle une irréfragable contradiction majeure qui revient au déni d'inexorabilité des lois statistiques : on ne peut, en même temps, s'appuyer sur la statistique (pour une "juste" redistribution globale) et refuser ces mêmes statistiques (quelle que soit l'idéologie au pouvoir, les lois statistiques demeurent et les distributions gaussiennes et les lois subséquentes de Pareto jouent et joueront avec des intelligents et des sots, avec des courageux et des fainéants, avec des riches et des pauvres, avec des chanceux et des malchanceux). Les statistiques sont donc injustes. Les socialismes plaident pour des attitudes, des postures et des remèdes de masse, mais en refusent les conséquences mathématiques. De deux choses l'une, ou bien l'on s'appuie sur les grands nombres et les inexorables lois de la statistiques s'appliquent, ou bien l'on pense l'organisation sociétale par les petits nombres où les statistiques ne laminent plus rien, et l'on se place dans un schéma politique strictement local et tribal qui est la seule attitude sérieuse si l'on veut que les problèmes réels des gens réels soient réellement traités … et tout socialisme disparaît, dilué dans la vie réelle, apolitique et anidéologique.
Le substantif "justice" est encore plus vicieux et contradictoire. Vicieux parce qu'il laisse libre cours aux logiques de la jalousie et de l'envie : il possède ou consomme ce dont j'ai très envie et que je ne possède ni ne consomme, c'est donc injuste ! Où y a-t-il là quelque "injustice" que ce soit ? Qu'est-ce que la "justice" ? Où est la "bonne" répartition "équitable" des biens, des savoirs, des forces, des faiblesses, des relations ? On le voit très vite : derrière le mot "justice" se cache un leurre immense. Au fond du fond, serait injuste tout ce dont quelqu'un d'autre bénéficie et dont moi, je ne bénéficierais pas. C'est la doctrine du râleur envieux et fainéant. Et, bien sûr, là commence la démagogie : "vous avez raison, c'est injuste ! Vous aussi vous avez droit …". Le grand mot est lâché : droit. Vous avez droit à recevoir sans coup férir ce que d'autres ont conquis à la sueur de leur front. La "justice sociale", c'est la promotion de la loi du moindre effort, c'est l'illusion que la vie facile pour tous est possible et sociétalement gratuite, c'est la foi infantile en la normalité de l'exceptionnel. Statistiques, encore. Scandale : 80% de la richesse mondiale se trouve entre les mains de 20% de la population mondiale. Injustice ? Non. Pareto ! Et toutes les gesticulations idéologiques, démagogiques et politiciennes n'y changeront jamais rien. Et ce n'est pas un problème. Car qui dit que le but de la vie soit de devenir plus riche que les autres ? Qui dit que les 20% les plus riches soient plus heureux que les 80% qui le sont moins ? Les statistiques, encore elles, démontrent justement le contraire : les "riches" font plus de dépressions et commettent bien plus de suicides que les autres. Ou bien on prend toutes les statistiques pour fond de raisonnement, ou bien l'on n'en prend aucune. Ou bien l'on se place au niveau sociétal et anonyme des grands nombres et il faut considérer et intégrer toutes les études statistiques, ou bien l'on se place au niveau local et nominal des petits nombres, et il n'en faut prendre aucune. On ne peut pas être "de masse" et "pas de masse" en même temps. Et la notion de "justice sociale" comme fondement de tous les socialismes participe d'une logique "de masse" : les "injustes" statistiques y jouent donc à fond, leur inexorabilité aussi.
Erreurs et mythes
Les socialismes visent tous la "justice sociale". Cette locution, on l'a vu, est truffée de non-sens. Mais baste. Admettons. Je voudrais ici dénoncer sept erreurs essentielles et dramatiques.
Première erreur de fond : le dogme de l'accumulation des richesses - dans la poche des riches, cela va sans dire - que la cause sacrée du Socialisme est de combattre et dont il est, par conséquent, l'ennemi juré. Les Socialismes ne font pas confiance à la Nature. Le Socialisme - comme le Christianisme dont il est l'héritier idéologique, Nietzsche l'a profondément et définitivement démontré - est un phénomène essentiellement urbain et industriel. Le Socialisme récuse la Nature qu'il ne connait pas, et entend substituer un ordre politique et idéel, à l'ordre naturel et réel. Plus précisément, pour le propos de ce paragraphe, le Socialisme prétend que les richesses produites ne se redistribuent pas naturellement entre tous les acteurs de la société et qu'il faut donc "forcer" cette redistribution pour qu'elle soit équitable. Rien n'est plus faux : la redistribution gaussienne est la plus naturelle (elle s'appelle, en statistique, la loi "normale", c'est tout dire). Cette distribution est l'expression sociétale de la règle de l'équilibre et de l'harmonie homéostatiques des systèmes complexes. Un système massique qui, dans la durée, ne satisferait pas à cette loi, courrait à sa perte. Pour maintenir, sur le long terme, un système massif loin de l'équilibre gaussien, il faut mettre en œuvre de colossaux moyens qui finissent par épuiser ce système lui-même. C'est ce qui a tué, à la fois, le modèle nazi et le modèle soviétique. C'est également le cas, mais en "mort lente", pour nos sociétés déclinantes, dites social-démocrates, des deux côtés de l'Atlantique (les USA sont infiniment plus "sociaux" qu'une certaine Gauche ne le prétend, mais c'est une socialité moins étatisée et plus comportementalisée, voilà tout).
Si accumulation des richesses il devait y avoir, nul besoin d'un quelconque pouvoir, révolutionnaire ou non, pour faire se renverser la mécanique : la "révolution" française et la chute du mur de Berlin ont été des mouvements naturels spontanés sans nul besoin d'un quelconque moteur "socialiste". La gaussienne a repris ses droits, tout simplement.
Deuxième erreur de fond : le dogme de l'étatisme. Si redistribution il devait y avoir, le dogme socialiste assure que seul l'Etat en est capable et légitime. C'est le "Tout Etat, rien qu'Etat" qui infeste totalement de son jacobinisme omniprésent, la machine politique contemporaine. L'Etat s'arroge tous les droits, confisque tous les processus sociétaux, s'immisce partout, tout le temps, prétend tout régenter et tout réglementer au travers de son hystérie légiférante et juridisante. La politique est devenue le tremplin professionnel des juristes ratés ou ambitieux (partout, ce sont les facultés de Droit qui produisent le plus de politiciens professionnels, en Europe comme aux Etats-Unis). L'Etat, donc, c'est-çà-dire la machinerie bureaucratique et fonctionnaire, serait le bon outil de la gestion sociétale. Tout, absolument tout, démontre le contraire depuis des lustres. L'Etat est un exécrable gestionnaire, un exécrable patron et un exécrable exécutant. La raison en est simple et nous est fournie par la science cybernétique qui est la science des processus de régulation : elle nous dit que le système régulateur (l'Etat) et le système régulé (la Société) ne peuvent atteindre un bon niveau de performance (en l'occurrence une bonne redistribution "équitable" des richesses collectives) qui s'ils possèdent au moins tous deux le même niveau de complexité : il faut des milliards de connexions synaptiques entre neurones pour réguler les milliards de cellules de notre corps. Or, nos sociétés - technologies, mondialisations et révolution noétique aidant - deviennent de plus en plus complexes, transnationales, tribalisées, communautarisées, foisonnantes. Il faudrait donc que l'Etat qui prétend la réguler, puisse suivre cette croissance complexe. Il n'en est rien parce qu'il ne peut pas en être ainsi. De par les règles mêmes qui conditionnent son fonctionnement procédural et procédurier, égalitaire et égalitariste, fonctionnarisé et syndicalisé, l'Etat et ses bureaucraties est obligé de rester à un niveau très bas d'organisation, de structuration, d'individuation, de personnalisation, donc à un niveau très bas de complexité. Il est incapable d'absorber le foisonnement des cas particuliers irréductibles à quelque cas général que ce soit. L'Etat est donc condamné à répondre à la complexité ambiante par de la complication, c'est-à-dire par de l'inefficacité notoire, de la gabegie généralisée et de l'absurdité kafkaïenne.
Pour le dire d'un mot : les régulations centralisées, hiérarchiques et procédurales peuvent parfois convenir pour des systèmes rudimentaires, mais ne conviennent jamais - et sont même néfastes et délétères - pour les systèmes de haut niveau de complexité tels nos sociétés réelles d'aujourd'hui. En un mot : les Etats nationaux sont condamnés à disparaître - ou, du moins, à être totalement marginalisés - dans les 20 ans qui viennent.
Troisième erreur de fond : le dogme de l'égalitarisme.
Le problème philosophique de fond, que soulève la posture égalitariste, est celui de la valeur de l'homme - au sens générique - ou d'un homme particulier.
L'humaniste répond sans hésiter : la dignité humaine est infinie et intrinsèque. L'homme vaut parce qu'il est homme, parce qu'il est né homme. Cette dignité est inaliénable et inextinguible, quoique cet homme puisse dire, penser ou faire.
De là viennent quelques grands principes ou combats de l'histoire récente.
L'égalitarisme et le démocratisme qui en découle, ont forgé tout le paysage sociétal et politique de la plupart des nations d'aujourd'hui : ils s'appuient sur l'idée que tous les hommes sont égaux en dignité, de façon principielle et non discutable. Hitler ou Staline ou Dutroux ne sont pas moins dignes et n'ont donc pas moins de droits qu'Einstein, Gandhi ou Mozart. Toute la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme est bâtie sur ces prémisses.
Les luttes contre la peine de mort, contre l'esclavage, contre le colonialisme se nourrissent à la même soupe : tout homme, quel qu'il soit, quoi qu'il ait fait, quelles que soient ses capacités ou talents, quels que soient ses mérites, est un trésor qui doit être, en toutes circonstances, respecté comme tel.
Il est aujourd'hui politiquement incorrect, voire inacceptable, de remettre ces principes en cause. Il n'est, par exemple, pas recommandé d'oser penser qu'un homme ne vaut rien par ce qu'il est, mais ne vaut que par ce qu'il fait. Que chaque homme ne doit pouvoir jouir que des droits qu'il est capable d'assumer. Que la démocratie conduit fatalement à la démagogie et à la médiocrité. Que chacun est totalement responsable de ce qu'il fait, dit, pense. Que l'inégalité est une réalité tangible et mesurable dans toutes les dimensions du fait humain.
Pourtant, l'égalité entre les hommes n'existe pas, ni en fait, ni en droit. L'égalitarisme, qui en est l'idéologie, voudrait faire croire que cette égalité est souhaitable, au mépris de la diversité et de la complexité de la nature humaine. Mais cela est faux : l'égalité n'est pas souhaitable car, en laissant croire aux "minus habentes" qu'il est "injuste" que d'autres soient mieux lotis, elle nourrit une jalousie, une frustration, une rage, une haine toutes délétères, elle ouvre la porte à tous les nivellements et à tous les assistanats, elle engendre toutes les violences car l'égalité est contre-nature et la nature s'y oppose avec d'autant plus de force que l'utopie est lourde.
Quatrième erreur de fond : le dogme de la solidarité.
Le monopole du cœur. La Gauche serait généreuse - avec l'argent des autres, cela va sans dire - alors que les "autres" seraient calculateurs, profiteurs, rapaces : des loups pour l'homme. Le débat sur la solidarité ne peut être mené que sur différents niveaux.
Au niveau philosophique, tout dans le cosmos - et dans nos sociétés, itou - est interdépendant. C'est un fait d'évidence. Mais cette interdépendance foncière ne réfute nullement l'autonomie individuelle et n'impose nullement la solidarité collective. Et elle n'impose certainement pas la solidarité généralisée et institutionnalisée qui constitue l'un des fondements des bureaucraties étatiques.
Au plan sociologique et économique, la solidarité sociétale n'est qu'un avatar du mutualisme, c'est-à-dire de la mutualisation des risques : c'est là la racine profonde des caisses d'entraide ouvrières si chères aux nostalgiques de Germinal. C'est aussi le principe des compagnies d'assurance et des mutuelles de soins de santé. Hors la taille, la bureaucratie, le monopole et la coercition, rien ne distinguerait le mutualisme d'Etat des mutualismes privés ? Si. L'inefficacité bureaucratique dans la gestion et la "tentation totalitaire" dans l'esprit.
Au plan du quotidien, toujours, la solidarité a émergé spontanément, naturellement lorsque le besoin s'en est fait sentir. Ce n'est pas le parti socialiste qui a créé les Restos du cœur ou MSF ou Greenpeace. La solidarité émerge d'abord et est récupérée ensuite.
Au plan du quotidien, majoritairement, les être humains, riches comme pauvres, sont souvent généreux, spontanément : ils ont pitié et ne supportent pas bien la souffrance. Mais cette générosité, ils ne la veulent pas anonyme, statistique, diluée, récupérée. Ils sont prêts à mettre la main au porte-monnaie (les dons) ou à l'agenda (les bénévolats) à condition que cela serve vraiment ceux qu'ils désirent aider et non que cela rejoigne un vague melting-pot - une fosse commune financière - qui paiera autant de pots-de-vin que de gaspillages ou de prébendes ou de projets aussi pharaoniques qu'absurdes. Répétons-le : solidarité, oui, à condition qu'elle soit sélective et élective. Non pas pas solidarité avec LE monde mais solidarité avec SON monde. Non pas solidarité sociétale et sous tutelle, mais solidarité communautaire et mutuelle.
Cinquième erreur de fond : le dogme du peuple.
Le "peuple" est une abstraction, une idée, une catégorie. Le "peuple", cela n'existe pas. Encore un effet de la massification statistique, comme "l'homme de la rue" ou "la ménagère de quarante ans". Le peuple bon et généreux. Le peuple du bon sens et de l'intelligence collective. Où est ce peuple ? Où est ce corps compact du bataillon des Nations ? Où est cet égrégore n'est que spectre et chimère ? Il n'y a pas, il n'y a jamais eu de peuple : il n'y a que des individus inextricablement reliés à d'autres individus dans des réseaux de plus en plus denses d'appartenances communautaires et tribales. Le "peuple" n'est qu'une extrapolation outrancière et illégitime de ces réseaux multiples de mutualisation des composantes de vie. Et puisqu'il n'y a pas de peuple, il n'y a pas de Nation. Et puisqu'il n'y a pas de Nation, il n'y a pas de politique nationale … ni surtout internationale, fut-elle socialiste. La Nation d'aujourd'hui n'est que la dépouille territoriale des tyrannies d'hier. Le XIXème siècle, de Napoléon à Joffre, a tenté, avec l'absurde notion de Patriotisme et la complicité douteuse de Michelet , de réaliser le rêve du Peuple incarné dans la Nation. Les tranchées de l'Yser et les boucheries de la Marne ont eu raison de ce rêve sacrificiel. Le "peuple" n'existe pas et quiconque affirme l'incarner ou le représenter est un menteur, un usurpateur, un manipulateur.
Mais peut-être n'est-ce pas de ce "peuple"-là dont parle le Socialisme ? Peut-être parle-t-il seulement des "classes" populaires, fidèle à son ouvriérisme natif ? Le "petit peuple". Le "peuple de Gauche". Celui donc qui, depuis longtemps, ne vote plus pour la Gauche et lui préfère les gros bras de l'Extrême-droite, tatouée et musclée, amatrice de pit-bull et casseuse de Juifs. Ce "peuple"-là non plus n'existe pas. Les ouvriers représentent moins de 20% des la population active actuelle et ils ne cessent de diminuer. Les petits artisans et commerçants haïssent l'Etat-sangsue et les syndicats socialo-terroristes. Il ne reste que les fonctionnaires et les sans-emplois, bref, les parasites et les assistés : la seule clientèle électorale socialiste avec quelques intellectuels et universitaires aussi paumés qu'anachroniques.
Sixième erreur de fond : le dogme de la lutte des classes.
Toute la Gauche n'est pas marxiste. Ni même marxienne. Certes. Mais dès qu'on les titille un peu, l'idée centrale de classes sociales émerge des discours. Pas forcément à la mouture des inepties marxistes, mais implicitement, sournoisement. Les "classes" et leur "lutte" font partie du discours, au sens foucaldien, de tous les socialismes.
Or, il n'y a pas de "classes sociales" - comme il n'y a pas de "peuple" - qui, encore une fois, n'expriment qu'une vue de l'esprit, un abstraction, un concept réducteur et statistique. Les ouvriers qualifiés sont devenus si rares qu'ils gagnent souvent mieux leur vie que des intellectuels surdiplômés. Encore un fois, à l'échelle d'une Nation ou d'un continent ou du monde, règnent les gaussiennes, c'est-à-dire des courbes de distribution statistique continues, sans sauts ni différentiations, sans ruptures ni stratifications. Tout est dans tout et réciproquement. Dans nos contrées, il y a des pauvres, des un peu moins pauvres, des moins pauvres et des vraiment moins moins pauvres comme il y a des riches, des un peu moins riches, et des pas riches du tout. Et si l'on change la définition du concept "richesse", on n'a plus les mêmes riches ni les mêmes pauvres. De quels riches, alors, parle-t-on, dans nos sociétés à un milliard de dimensions ? Des riches en compte en banque ? En patrimoine ? En savoir ? En sagesse ? En bonheur ? En emploi ? En possibilités d'avenir ? En santé ? En famille ? En spiritualité ? De quel critère parle-t-on, bon sang ?
Mais il est tellement plus facile - et donc démagogue - de réduire ce foisonnement riche en dualités pauvres : les riches et les pauvres ! Comme les cow-boys et les indiens, le blanc et le noir ! Par ses racines positivistes comme par ses pratiques démagogiques, les Socialismes sont condamnés à ce gente de simplismes et de réductionnismes, indignes et faux.
Il n'y a pas - il n'y a jamais eu - le prolétariat ici et le capital là. Aujourd'hui, par banques et bourses interposées, ce sont les économies des prolétaires qui alimentent les passifs des multinationales et qui leur donnent possession des titres de la plupart des empires capitalistes. Le mythe de l'argent facile est bien plus prégnant auprès des "classes" populaires - qui boursicotent à qui mieux mieux - qu'après des intellectuels, par exemple.
Septième - mais non dernière - erreur de fond : le dogme de la révolution.
Ici encore, ce dogme ne concerne officiellement qu'une part seulement de la Gauche, celle dite "révolutionnaire". Certes. Mais le révolutionnarisme, qu'il soit doux ou dur, démocratique et lent ou armé et violent, reste ancré au cœur de l'imagerie subliminale des "grands soirs" et autres "lendemains qui chantent".
Au fond du révolutionnarisme, il y a un relent de mauvais romantisme : un désir plus ou moins secret d'imposer, par la force s'il le fallait, le monde idéal auquel on (qui est ce "on" ?) rêve en lieu et place du monde réel d'ici et de maintenant.
On le sait bien, tout révolutionnarisme est idéalisme infantile et immature, simpliste et irresponsable. Rien n'y fait : il reste une imagerie d'Epinal, un mythe du type Che Guevara, bel ange sombre au calot étoilé.
Pourtant l'Histoire est bien là pour montrer qu'aucune "révolution" politique n'a "réussi" : toutes ont remplacé un système haï par un système encore plus haïssable.
La révolution anglaise a amené la dictature de Cromwell, la révolution dite française (qui ne fut que parisienne et bourgeoise) a porté la Terreur et la dictature belliciste de Bonaparte, la révolution russe a implanté le soviétisme et les infects léninisme et stalinisme. Quant à la "révolution" américaine, elle est une pure invention : il n'y a eu qu'un boycott marchand local.
Bref, l'Histoire bat en brèche le mythe révolutionnaire. Mais, là encore, rien n'y fait. Le romantisme des fantasmes triomphe de la réalité des faits.
Le cas français est intéressant : le seul vrai révolutionnaire vers 1789, fut Louis XVI qui, pour couper les ailes à son aristocratie pédante et orgueilleuse, oisive et profiteuse, a osé convoquer les "états-généraux" et susciter les cahiers de doléances. Cela a donné prétexte à un coup d'état de quelques intellectuels bourgeois en mal de noblesse qui, très vite, ont imposé leur sanglante dictature au nom des "idéaux" de ces obscures Lumières qui n'ont éclairé que leur fâcheux délires anthropocentriques. La "révolution" de 1789 est un non événement (comme, d'ailleurs, l'attentat des twin-towers à New-York, le 11 septembre 2002). Pourquoi n'a-t-elle alors pas sombré dans le néant de l'oubli ? Parce que pour magnifier les émeutes de 1848 et les affres de 1870, Michelet, historien socialiste romantique, a inventé le mythe révolutionnaire, a forgé les images d'Epinal et a enflammé l'imaginaire collectif en transformant de minables politicaillons en emblématiques révolutionnaires animés d'une mystique du "Peuple".
Cette mystique anime toujours le cœur de bien des militants.
La force de l'imaginaire est toujours supérieure à la résistance des faits, surtout dans les esprits faibles et infantiles, plus aptes à la rêverie verbeuse qu'au travail sérieux.
Démagogie oblige, le chemin du pouvoir passe par la capacité à faire rêver les masses par l'imaginaire romantique. Combien plus facile il est d'enflammer les images de lendemains qui chantent que de pointer les douleurs et ruptures de l'enfantement du monde qui vient. Faire rêver ne coûte rien mais peut rapporter gros : depuis toujours, toutes les propagandes politicardes sont nourries de ce constat sociologique de base.
Modalités des Socialismes
Les écoles socialistes s'opposent moins sur les erreurs dénoncées ci-dessus que sur la manière de conquérir le pouvoir. Entre réformisme et révolutionnarisme, entre démocratie plus ou moins sociale et dictature du soi-disant prolétariat, tout le spectre socialiste se déploie entre gabegie clientéliste et infantilisme romantique, entre démagogie des assistanats généralisés et goulag communiste.
De plus, comme les entreprises, les Socialismes pensent "stratégies". Et comme celles-là, elles doivent trancher entre diverses "stratégies d'intégration". Stratégies d'intégration amont et/ou aval ?
En amont, puisque le problème de fond est de réguler la distribution "équitable" du gâteau produit, et que la production de ce gâteau est, le plus souvent, dans des mains non étatiques ce qui nuit au confort de big-brother, la question se pose : étatiser (donc confisquer) ou pas la production de richesse ? De Marx et Lénine à Mitterrand ou Fabius, la question s'est posée, a reçu réponse et a conduit aux calamités que l'on sait : une économie étatisée ne satisfait personne et n'intéresse personne puisqu'elle n'implique personne.
Et, en aval, il ne suffit pas de penser le problème de "distribuer équitablement les moyens", encore faut-il que ces moyens soient "convenablement" utilisés , au mieux des intérêts publics et sociaux ; il ne faudrait tout-de-même pas tolérer des "social-traîtres" dans les rangs sociétaux ! La question, là aussi, est posée et divise les partisans : diriger ou non, contrôler ou non, les vies privées individuelles afin de rendre ces existences quotidiennes compatibles et en phase avec l'évident idéal social que l'idéologie façonne ?
Lorsque cette boucle est bouclée, on atteint ce que Hannah Arendt appela, génialement, le totalitarisme. Tout Socialisme est par essence totalitaire. C'est ce que nous croyons avoir montré ici.
Et ce n'est pas perversité, mais pure logique : pour faire vivre un système contre-nature, il faut nécessairement dénaturer toutes les dimensions de celui-ci.
Conclusions
Les conclusions à tirer de ce qui vient d'être lu, sont évidentes et difficilement parables. De plus, les idéologies socialistes, quelles que soient leur version, sont de moins en moins adaptables au monde nouveau qui nous entoure : comment des idées simplistes héritées des délires humanistes des Lumières du XVIIIème siècle et des utopies positivistes des idéologues du XIXème siècle, pourraient-elles encore avoir la moindre pertinence et être de la moindre utilité ou fertilité dans le monde de la complexité et de l'immatérialité du XXIème siècle ?
Et pourtant, j'ai la certitude que les Socialismes, aussi fallacieux soient-ils, ont encore de très beaux jours devant eux. Pourquoi ? Parce que le nombre d'envieux (ceux qui veulent ce qu'ils croient que les autres ont) est et restera toujours bien plus élevé que le nombre des frugaux (ceux qui savent être heureux de ce qu'ils sont). Et la démocratie est telle que c'est la masse qui a raison et la sagesse qui a tort.
Et la loi du moindre effort fait que l'envieux votera toujours pour celui qui lui promet l'argent facile plutôt que de retrousser ses manches. Pourquoi se fatiguer alors qu'il y a là une idéologie qui vous promet, gratuitement ou presque, moyennant paperasse et allégeance, ce que l'on a volé à d'autres ? Encore faut-il qu'il y en ait, des "autres" … et il y en a de moins en moins.
Le socialisme mourra du manque de capitalistes. Paradoxe ? Non, c'est la règle de base de tout système fondé sur le parasitisme.
Epilogue
Je ne suis ni de Gauche ni de Droite. Mais je sais que la Gauche est infiniment plus néfaste que la Droite.
La Gauche est archaïque, reptilienne, idéologique, doctrinaire, dogmatique … alors que la Droite n'est qu'opportuniste, machiavélique et cynique.
La Droite se coulera toujours dans le moule sociétal - donc s'y soumettra - alors que la Gauche veut sempiternellement imposer son moule.
Et qu'est-ce que ce moule ? Le triomphe du "principe de plaisir" sur le "plaisir de réalité".
La Gauche est une maladie mentale infantile !