De la politique ...
La politique, au sens le plus général, n'est rien d'autre que la proclamation, la prescription et l'imposition de normes collectives obligatoires (et dont le non-respect implique punition) ... des normes plus ou moins uniformes, plus ou moins cohérentes, plus ou moins égalitaires, plus ou moins éthiques, plus ou moins compatibles avec la réalité.
Il s'agit donc de normalisations comportementales dictées soit par les modes ou inclinations de certains (les "meneurs") ou de beaucoup (le "masse"), à un moment donné, soit par des fantasmes et des mythes religieux ou idéologiques (ce qui est pléonastique puisque toute religion est idéologique, et que toute idéologie est religieuse, même athée).
Beaucoup semblent croire que de telles normes sont indispensables à la vie en société, ce qui est contraire au profond principe d'autorégulation de tous les systèmes vivants.
Sans normes légales, les humains s'entretueraient induisant, ainsi, le triomphe de la loi du plus fort, ou du plus violent, ou du plus cruel . A moins qu'en cette situation, ne triomphe la voie du plus démagogue ... ou du plus malin ... ou du plus sage.
La politique établit sa "norme" sur des institutions bureaucratiques dont la fonction est d'appliquer et de faire appliquer ses décrets ... même s'il sont débiles ou catastrophiques ou calamiteux ...
La politique, en fait, n'est rien d'autre que ces institutions fonctionnaires qui "fonctionnent" et qui sont rémunérées que leur fonctionnement soit bénéfique ou maléfique, fructueux ou calamiteux.
La politique, parce qu'elle construit et se construit par et sur des normes supposées sinon éternelles, du moins durables, s'inscrit en faux par rapport à la réalité qui veut que tout ce qui existe soit en évolution et en transformation de plus en plus rapides. Cela explique pourquoi les instances politiques ont toujours une guerre de retard par rapport à la réalité et que le meilleur de leur refuge est la cécité quant à cette réalité.
Hannah Arendt écrit ceci, avec sa pertinence accoutumée :
"La tâche et la fin de la politique consistent à garantir la vie au sens le plus large. Elle permet à l'individu de poursuivre ses objectifs en toute tranquillité et en pais, c'est-à-dire sans être importuné par la politique."
La question qui se pose aujourd'hui : la fin des Etats-Nations et leur disparition totale au profit de continents culturels comme réseaux autonomes de communautés socioéconomiques autonomes, elles-mêmes réseaux de personnes autonomes, impliquent-elles, du même coup, la fin de la politique et donc du politique, des idéologies, des institutions, des bureaucraties, des fonctionnarismes, etc ... ?
La réponse est sans doute positive, mais un problème demeure : comment faire pour que ce principe de l'autonomie des continents, des communautés et des personnes puisse être maintenu et garanti ?
Cette question n'est pas politique. Elle est éthique (le respect de l'autonomie de l'autre) et organisationnelle (l'éradication du non-respect de l'autonomie de l'autre).
*