Divorce entre l'humain et le monde réel.
Tout système ou processus se manifeste au travers de caractéristiques qui, lorsqu'on les compare avec les mêmes caractéristiques d'autres systèmes ou processus semblables, donnent lieu à des répartitions statistiques (dont la plus simple et plus connue, est la répartition normale ou gaussienne).
Ceci est vrai, par exemple, pour la capacité intellectuelle des humains à comprendre la complexité d'un problème ou d'un monde (ce qui, soit dit en passant, brise net et définitivement les niaiseries égalitaristes des idéologues et de leurs simplismes – ce qui est pléonastique).
Ceci est également vrai pour le niveau de complexité des diverses composantes du monde dans lequel ces humains vivent.
Or, que constate-t-on concernant ces deux exemples ?
D'abord : les actuels systèmes éducatifs et informationnels induisent une régression spectaculaire de la moyenne de capacité de compréhension de la complexité ambiante : tout doit être simplifié jusqu'à devenir puéril, caricatural et binaire.
Ensuite : les caractéristiques fondamentales ou locales du monde réel deviennent, elles, de plus en plus complexes (nombreuses, intriquées, architecturées, corrélatives, etc ...).
De là, une conséquence dramatique : la moyenne de la compréhensivité du monde et la moyenne de la complexité du monde s'écartent de plus en plus vite ; donc, de moins en moins de gens sont capables de comprendre réellement la réalité dans laquelle ils vivent.
Cela a des conséquences terribles :
- la démocratie devient une plus grande impasse puisque la majorité des électeurs ne peut plus comprendre la réalité qui est la leur, malgré que ce soit leurs opinions qui font loi ;
- la montée en puissance et en pouvoir de ceux qui savent manipuler les médias par des simplifications monstrueuses, donc fausses et manipulatrices ;
- l'inaudibilité et, partant, l'ostracisme que subissent les vrais experts devenus des sortes d'extraterrestres incompréhensibles ;
- le besoin exponentiellement vital de croyances idéologiques simplificatrices ;
- le taux incroyablement croissant de suicides, de dépressions et de troubles mentaux ;
- la montée de toutes les formes de violence contre soi, contre les proches, contre le milieu où l'on vit, contre "l'étranger" qui habite ou exprime un "ailleurs" encore plus incompréhensible, etc ...
Avec ces problématiques, deux voies complémentaires s'ouvrent :
- revoir de fond en comble le sens et le projet éducatifs des écoles et des universités, dès le plus jeune âge, et faire comprendre aux jeunes que la connaissance et son apprentissage ne sont ni des jeux, ni des passe-temps, ni des activités parmi d'autres, et que les niveaux d'exigence, d'implication et de travail d'étude doivent être décuplés (ainsi que les compétences réelles des professeurs qui, aujourd'hui, se prennent pour de gentils animateurs de colonies de vacances ou de joyeux pourvoyeurs d'amusements) : l'étude, l'excellence et la virtuosité (des mains comme de l'esprit) sont une ascèse (donc une stricte discipline) vitale ;
- cesser toutes les formes de complication de la vie pour, enfin, se satisfaire de l'indispensable et bannir tout ce qui est superflu ; donc, pratiquer en tout et partout, la plus exigeante frugalité (sauf en matière d'étude et de pensée).
*