Tisserand de la compréhension du devenir
Conférencier, expert et auteur

Foi et croyance.

Ne surtout pas confondre ...

Le mot "Dieu" est à la fois le plus riche et le plus pauvre de la langue car il veut, à la fois, tout dire et ne rien dire.

Tout ce que l'on en dit, relève de la croyance et de la superstition ; mais en tant qu'il est ineffable, il est le plus essentiel des mots puisqu'il désigne l'Essence indicible et ultime du Réel.

Dieu, c'est l'inconnu au-delà de tous les connaissables humains ; au travers de ses multiples manifestations, il donne une substance et une cohérence, un sens et un existence à tout ce qui peut être connu.

 

La croyance relève de l'hypothèse et de la conjecture (déviant souvent vers l'illusion et la superstition). Elle relève de la "rationalité" sociale.

La Foi, elle, relève de l'intuition profonde. Elle relève de la rationalité épistémique.

Il existe donc une profonde différence de nature entre ces deux.

Aucune des deux ne peut prétendre ni à la vérité, ni à la certitude (même si la croyance y prétend) : ce sont deux formes de conviction. Mais la Foi restant de l'ordre de l'informulé (donc protégée des lacunes et biais des langages), elle relève de l'élan et non du discours, de l'Intentionnalité et non de la Logicité.

La Foi nourrit le comportement alors que les croyances le contraignent.

Les croyances fondent les religions.

La Foi nourrit la Spiritualité.

 

La non- croyance est un fait – plutôt positif et libératoire – alors que la non-Foi est absurde : vivre c'est, au moins, cultiver une Foi intuitive en la Vie qui, lorsqu'elle disparaît, conduit au suicide.

Rappelons les étymologies : le croyance implique de "croire" alors que la Foi implique de "faire confiance", de "se fier" à la Vie et à sa cohérence, à son sens profond ... mais inconnu et peut-être inconnaissable.

Il ne s'agit aucunement de fatalisme, puisque celui-ci est négatif, passif et non constructif. Au contraire, la Foi pousse à construire la Vie vers la Joie.

 

La Foi n'implique aucunement ni religion, ni idéologie. Au contraire. Elle est tout intérieure et requiert liberté et autonomie.

La croyance, au contraire, tend toujours au dogmatisme, plus ou moins virulent. Elle trace le "bon" chemin. Alors que la Foi stimule la marche vers on ne sait quoi, sur on ne sait quel chemin : avancer, marcher, progresser, accomplir ... et c'est tout ; tout y est personnel, intime, intérieur.

 

 La croyance, au fond, ne fait qu'exprimer un souhait, un vœu, une espérance ... un pari sur l'avenir : alors que la Foi est une évidence vécue, ici et maintenant. La Foi n'a pas besoin d'argumentations : elle s'ancre dans le présent vécu, dans l'existence même de soi, des autres, du monde. C'est la Foi en la cohérence de ce qui existe vraiment dans le Réel, dans ce qui forme, constitue et fonde le Réel, ici-et-maintenant.

 

La Foi est étrangère à toute forme d'espérance. Il n'y a rien à espérer. Le Réel évolue selon sa propre Logicité, selon sa propre Intentionnalité ; les fantasmes humains n'y jouent aucun rôle.

La Foi s'oppose donc à toutes les religions et idéologies messianistes qui rêvent d'un avenir radieux ou béat dans un autre monde que celui qui existe, ici et maintenant, dans un monde idéal qui serait parallèle ou à venir. Ils refusent ce monde présent et le fuient dans des fantasmagories utopiques plutôt que de s'appuyer sur la Foi en le présent pour construire le meilleur possible, ici et maintenant.

Les croyances, qu'elles soient religieuses ou idéologiques, ne sont que des fuites en avant, des échappatoires, des idolâtries, des superstitions, des lâchetés faussement dorées. Leur prêtres et leurs démagogues sont des faussaires.

 

En général, les croyances sont collectives, alors que la Foi est intime et personnelle.

 

Sans chercher le paradoxe, il est important de souligner que toute incroyance (le négationnisme, par exemple) est aussi une croyance et que l'absence ou l'ignorance ou le rejet de preuves, n'a jamais été une preuve.

Tout cela relève de la conviction et est radicalement étranger à la Foi.

 

Une croyance peut éventuellement être confortée par un faisceau de présomptions (liées à des témoignages, des expériences, des documents, ... ), mais présomption n'est pas preuve.

Rien ne prouve indubitablement jamais rien ... c'est ce qui fait la force de tous les négationnismes et, plus généralement, de tous les déconstructivismes.

Par quelque bout qu'on la prenne, la croyance est une impasse !

 

En revanche, faire confiance est un élan naturel chez beaucoup d'humains. Mais cette confiance n'est pas une Foi, elle est une paresse de l'esprit critique. Cela dit, la méfiance perpétuelle confine la paranoïa et peu s'avérer maladive et nocive (par exemple, tout ce qui tourne autour de la théorie du complot). Confiance ? Oui, mais pas aveugle. Le plausible, pourvu qu'il soit positif ou acceptable, peut parfois être digne de confiance ... jusqu'à preuve du contraire.

 

Toutes les croyances dont les humains sont pétris, n'ont pas le même poids. Ainsi les croyances religieuses ou idéologiques ont un impact beaucoup plus intense et potentiellement destructeur, que les croyances au quotidien quant à la victoire de tel club de football ou à la qualité de telle viande à l'étal.

Les croyances messianistes (religieuses ou idéologiques) deviennent vite des dogmes qui nourrissent des autoritarismes exécrables. Et, répétons-le, elles n'ont rien à voir avec la Foi.

La Foi fait confiance à l'Intentionnalité (le projet inconnu) et à la Logicité (la règle inconnue) du Réel-Un-Tout-Divin.

 

Encore une bipolarité très riche, culturelle cette fois, parmi les humains : c'est celle qui pose face à face le Surhumain (Foi) et le Surnaturel (croyance).

Le Surhumain est ce qui dépasse l'humanitude et ce concept renvoie évidemment à Nietzsche qui est peu suspect de bigoterie, alors que le Surnaturel présuppose un "autre monde" que le monde réel et fonde, ainsi, un dualisme ontique.

C'est là, très probablement, que se place l'immense incompatibilité entre le Judaïsme (qui vise le Surhumain) et le christianisme (qui postule le Surnaturel).

 

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