Tisserand de la compréhension du devenir
Conférencier, expert et auteur

Le défi urgent de la Franc-maçonnerie.

La Modernité se meurt et, avec elle, tous les vieux reflexes de la Franc-maçonneries régulières que l'on ne peut pas laisser mourir avec elle ...

La Franc-maçonnerie naît à l'ère médiévale en tant que corporation rassemblant l'élite des métiers de la construction des édifices religieux chrétiens ; elle obtient des "franchises" et des "privilèges", et travaille de très près avec l'élite monastique (pour les significations religieuses, mystiques et symboliques des édifices et de leur "décoration" symbolique) et avec l'élite nobiliaire et haute-bourgeoise qui finance lesdits monuments.

 

Avec la Renaissance et l'entrée progressive dans ce que l'on appelle aujourd'hui la "Modernité", les règles du jeu changent : le christianisme éclate en plusieurs factions rivales, voire ennemies entre lesquelles (ou, plutôt, au-dessus des quelles) la Franc-maçonnerie doit apprendre à naviguer, ce qui attire des esprits spéculatifs marginaux et mystiques ; le style gothique, sa grande spécialité opérative, s'effondre ; ses anciens liens cléricaux et nobiliaires la tirent à hue et à dia et tentent de détourner sa notoriété au profit de projets idéologiques étrangers à sa nature (jacobinisme en Angleterre, bonapartisme en France, celtisme en Ecosse et en Irlande, templarisme en Allemagne ... avec toutes les déviances que cela induit ... et tous les reniements vis-à-vis des "Anciens Devoirs" et de la spiritualité bibliste des origines).

Les guerres des religions et des idéologies, au 18ème siècle, ont aussi induit la "guerre" des maçonnismes entre, d'une part, une Franc-maçonnerie spiritualiste fidèle aux Anciens Devoirs, à la Sagesse Biblique, à la Foi dans l'Alliance avec le Grand Architecte de l'Univers (au-delà de tous les religions), et, d'autre part, les pseudo-maçonneries humanistes, déspiritualisées, politiques, idéologisées, antireligieuses et anticléricales.

Tous ces mouvements que vit la Franc-maçonnerie, ne sont que les reflets des grandes bifurcations scientifiques, culturelles, sociologiques, idéologiques, étatiques et politiques qui sont l'apanage de la Modernité.

 

Mais aujourd'hui, la Modernité se meurt, épuisée par deux guerres mondiales (et les multiples sous-guerres toujours en cours, dues aux contagions colonialistes), par l'envahissement d'un mercantilisme et d'un financiarisme délétères qui poussent un industrialisme dément et destructeur des grands équilibres écologiques, par l'effondrement des systèmes éducatifs et des niveaux culturels et éthiques (notamment du fait de la mainmise des réseaux sociaux).

Le besoin de redonner du sens et de la valeur à la Vie et à l'Esprit devient crucial et vital ... mais sombre souvent dans le gadget, le sectarisme, l'exotisme, le nombrilisme, la fumisterie ou l'escroquerie.

La Franc-maçonnerie doit faire sa seconde métanoïa et quitter définitivement ses repères issus de la Modernité. Sinon, elle en deviendra une momie ou un musée.

Une Franc-maçonnerie post-moderne doit être urgemment inventée et mise en place ; elle doit redevenir une réelle, véritable et exigeante référence spirituelle héritière de la mystique christique et biblique médiévale et de la quête éthique moderne, mais totalement au-delà d'elles.

Elle doit être constructrice d'un avenir à inventer et non plus la gardienne désespérée de fantasmes passéistes et dépassés,... MAIS tout en s'ancrant, toujours plus, dans la promotion de valeurs intemporelles comme la Spiritualité, l'Initiation, la Fraternité, la Foi au-delà des religions, des croyances et des dogmes, l'Alliance entre l'humain et le Divin (ce Grand Architecte de l'Univers, impersonnel et intemporel, totalement étranger aux Dieux personnels des religions dualistes), la Sacralité au-delà de toutes les profanités, etc ...

 

C'est à cette tâche de bifurcation et de reconstruction que doivent s'atteler, maintenant, tous les Francs-maçons réguliers du monde.

 

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