Réalité physique et Activités humaines. Quelques notes ...
La science physique, tout entière, est la fille ainée de la cosmologie qui, au fond, se réduit à une Logicité de la dissipation tensionnelle selon deux scénarios universels : la dispersion entropique ou l'encapsulation néguentropique (qui induit des niveaux successifs de complexité architecturale et processuelle).
Pour faire de la "place", soit on disperse tout finement de façon à recréer une belle uniformité, soit on compacte, par tous les moyens complexes possibles, ce qui "gêne" dans un tout petit coin de l'espace afin de "libérer" tout le reste.
Soit, autrement dit ...
La bipolarité fondamentale à l'œuvre partout à la surface du Réel oppose deux stratégies de dissipation des tensions : soit la dissolution entropique et océanique (l'immergence dans un volume maximal), soit la concentration néguentropique et encapsulée (l'émergence dans un volume minimal).
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La science cherche la "véracité" c'est-à-dire la meilleure "vérité" accessible à un moment donné, basée sur les preuves disponibles à ce moment-là ...
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Même si ce mot est aujourd'hui à la mode, il faut se méfier du mot "information" car une information, n'est jamais que la traduction, dans un langage artificiel et conventionnel, d'une "forme", non telle qu'elle existe et évolue, mais telle qu'elle est perçue par celui qui la décrit et la représente au moyen de son langage à lui.
Et qu'est-ce qu'une forme ? C'est une répartition particulière et évolutive de ressources au sein d'un milieu.
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L'irréversibilité des processus (et non du temps qui n'est que la mesure des durées) est l'indice flagrant de l'existence d'une Intentionnalité cosmique (une Tension qui tend à faire évolue le Réel vers son accomplissement le plus riche) qui assure la cohérence de tout ce qui existe et évolue.
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Le second principe classique de la thermodynamique (maximisation de l'entropie d'un système, visant l'uniformité la plus totale) n'a de sens que pour les systèmes fermés (n'échangeant rien avec le monde extérieur).
Le hic est qu'il n'existe, dans le Réel, aucun système fermé.
La formulation classique du second principe de la thermodynamique n'est donc qu'une formulation simpliste et très restreinte d'un principe d'optimisation beaucoup plus général qui exprime l'Intentionnalité cosmique.
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L'évolution cosmique n'est pas assembliste (procédant par assemblage mécanique comme dans un jeu de Lego), mais elle est complexifiante c'est-à-dire faisant émerger des systèmes de plus en plus complexes au moyen de systèmes-ressources déjà disponibles.
Elle est, en somme, un amplificateur de complexité s'élaborant à partir de germes préexistants de complexité, non pas en les assemblant, mais en stimulant leur coalescence dans des systèmes nouveaux et inédits qui sont bien plus complexes que la somme des complexités de tous leurs germes.
Le Temple n'est pas un assemblage de pierres préexistantes ; il est un processus de complexification nécessitant le remodelage des pierres disponibles et leur "soudure" mutuelle au mortier, en vue de l'accomplissement architectural d'un projet d'une tout autre ampleur.
Un tas de pierres, de sables, de ciments, de bouts de bois rassemblés en vrac ne fera jamais un Temple.
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Le premier secret de l'émergence du "vivant" est l'encapsulation d'un système homéostasique capable d'autoréguler ses échanges avec le monde "extérieur".
Ce processus d'encapsulation reste mystérieux car il nécessite la convergence très localisée d'une foules de ressources et de conditions particulières.
Le second secret du vivant est sa "volonté" d'autoreproduction (une sorte de poussée "impérialiste" et colonisatrice) qui le fait proliférer tant que la disponibilité des ressources idoines et les conditions de vie le permettent.
Cette "volonté" est bien sûr une forme particulièrement puissance de l'Intentionnalité cosmique.
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Ilya Prigogine a nommé "structure dissipative" un système (un processus) encapsulé, perpétuellement animé par l'absorption de ressources (énergie chimique ou électromagnétique) de moyenne entropie, pour les transformer en composants à haute néguentropie, en rejetant des déchets (énergie chimique ou électromagnétique, dégradée) à très haute entropie.
Une structure dissipative est un concentrateur de néguentropie au prix d'une consommation d'énergie.
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C'est une erreur de croire que ce que l'on appelle la "pensée" (ou "esprit", ou "mental", ou "culture", ou "intelligence"), c'est-à-dire la capacité d'utiliser un langage, d'apprendre de l'expérience et de pratiquer la socialité, soit une émergence liée à l'humain.
Dans ce domaine, l'humain n'a été que l'amplificateur de ces trois caractéristiques que possèdent bien des espèces animales, voire végétale.
Comme c'est une erreur de croire que c'est l'humain qui a inventé les artefacts et les outils ; là encore, bien des espèces animales nous ont devancé. Mais, encore une fois, via ses technologies, l'humain a été un formidable amplificateur de cette tendance.
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On commence à entrevoir, seulement maintenant, que le langage dit mathématique mais qui est en fait algébrique (la géométrie étant d''une autre nature) est trop analytique, trop quantitatif, trop rationaliste pour pouvoir rendre compte de la réalité du Réel et de sa complexité qui est aussi holistique, qualitative et analogique.
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Il faut aujourd'hui dépasser les concepts venus de la thermodynamique classique.
Les concepts d'entropie et de néguentropie doivent être remplacés par celui de complexité :
- l'entropie maximale correspond à la complexité minimale dont l'uniformité radicale est l'intention ;
 - la néguentropie correspond à la complexité maximale dont la constructivité radicale est l'intention.
 
De façon restreinte, le second principe de la thermodynamique classique exprimait seulement que, dans un système fermé, l'intentionnalité tend à rendre la complexité minimale – dont l'uniformisation entropique maximale.
Il paraît aujourd'hui évident que ce second principe de l'entropie maximale dans les systèmes fermés doit être généralisé si l'on veut pouvoir intégrer tous les processus réel dont aucun n'est "fermé".
En ce sens; il convient de poser que l'Intentionnalité cosmique est d'extrémiser, de toutes les manières possibles, la complexité tant globale que locale.
Parallèlement, le concept d'énergie renvoie au travail qu'il est nécessaire de faire pour atteindre le niveau optimal de complexité tant au niveau global que local, en tenant compte du fait que tout travail se réalise à une vitesse finie : il faut du temps pour faire évoluer optimalement la répartition de la complexité au sein d'un processus.
L'idée principielle derrière tout cela revient à dire que la Logicité cosmique vise à accomplir le complexité optimale (la bipolarité essentielle opposant uniformité ou constructivité) avec le meilleur rendement possible, c'est-à-dire le meilleur rapport possible entre complexité obtenue et travail (énergie) fourni.
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Il est indéniable que toutes les théories économiques qui parlent de production, de prix, de valeur, de marché, de productivité, d'utilité, de rentabilité, etc ... ne s'intéressent pas du tout (voire ne comprennent rien) aux lois thermodynamiques qui sous-tendent tous les processus économiques au travers du concept de l'optimisation du rapport entre complexité et travail (au sens "énergie" en général et pas seulement "boulot" humain).
Ce sera le devoir premier de l'écologie de demain (qui n'a rien à voir avec les écologismes idéologiques actuels) de remettre l'économie humaine en phase avec la thermodynamique des processus complexes sans que ce processus de "remise en place et en ordre" des activités humaines, puisse être pollué par des considérations idéologiques, morales, religieuses, mythiques, politiques, etc ....
Le risque de cette pollution idéologique est pourtant grand car les paramètres "thermodynamiques" qui devront intervenir dans ces évaluations de rendement peuvent être définis de diverses manières et donner lieu à des biais cognitifs nocifs.
Par exemple ...
L'égalité (l'égalitarisme) est la forme idéologique de l'uniformité c'est-à-dire de la complexité minimale.
Alors que la diversité (le différencialisme) vise la constructivité (par la recherche des complémentarités) c'est-à-dire la complexité maximale.
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