Histoire juive …
La longue et belle histoire du peuple de la Torah se partage en six temps successifs ayant chacun porté sa propre religion, sa propre tradition spirituelle et rituelle.
1- Il y eut le temps des Patriarches, depuis Abraham jusqu'à Moïse, dont le centre fut l'Egypte, dont la religion fut l'hébraïsme et dont on ne sait presque rien si ce n'est le culte de l'Alliance, symbolisée par la circoncision, entre les Hébreux et les Elohim contre les idoles.
2- Il y eut le temps des Juges, depuis Moïse jusque Samuel et Saül, dont le centre était le Tabernacle, la Tente itinérante de la Rencontre, et dont la religion était le mosaïsme.
3- Il y eut le temps des Rois, depuis David jusque la déportation à Babylone, dont le centre fut les Palais royaux, et dont la religion était le culte de YHWH, une monolâtrie à l'image de la monarchie centralisée.
4- Il y eut le temps du Temple, depuis Esdras et Zorobabel (6ème siècle avant l'ère vulgaire) jusqu'à la destruction de Jérusalem par les Romains en 70, dont le centre était les pratiques sacrificatoires des Cohanim et des Léviim, et dont la religion était le judaïsme - au sens strict - qui s'appela, plus tard, le sadducéisme dérivé du mot Tzadoq : juste, orthodoxe ; c'est à cette époque que fut rédigée la Bible hébraïque[1] dont, surtout, la Torah (les cinq livres dits de Moïse) , les grands textes des prophètes juifs et les livres sapientiaux.
5- Il y eut le temps des Synagogues, depuis la destruction du Temple jusqu'à la Shoah, dont le centre était la communauté en exil et son rabbin, et dont la religion était le rabbinisme ou talmudisme, issue du pharisaïsme, dissidence des pharisiens , des "séparés" ou hérétiques, qui étaient opposés au sadducéisme élitaire et sacerdotal, qui introduisirent les croyances exogènes en la venue d'un Messie, en l'immortalité de l'âme, en la vie après la mort et en la résurrection des morts, et qui rédigèrent la Mishnah et les Guémarot formant les deux Talmuds (le petit de Jérusalem et le gros de Babylone).
6- Il y a le temps du Retour, depuis la proclamation d'indépendance en 1948, dont le centre est l'Etat d'Israël et dont la religion laïcisée est le sionisme.
De cette longue histoire, nous ne connaissons vraiment que les trois dernières, les trois premières étant, le plus souvent, mythiques ou légendaires (les historiens et archéologues israéliens actuels remettent même en cause l'historicité de David et Salomon, et du premier Temple de Jérusalem) ; l'histoire juive proprement dite commence au 6ème siècle, avec le retour de déportation de Babylone et la construction du seul Temple de Jérusalem : celui de Zorobabel (agrandi par Hérode et ses successeurs quelques décennies avant sa destruction).
Il faut alors aller à l'essentiel et distinguer trois judaïsmes historiques profondément différents, voire contradictoires et inconciliables : le lévitisme ou sadducéisme (judaïsme toraïque dont procèdent le karaïsme et le kabbalisme), le pharisaïsme ou rabbinisme (judaïsme talmudique), et le sionisme (judaïsme laïc)[2]. Le passage de l'un à l'autre fut à chaque fois une catastrophe : la première fut la destruction du Temple des sadducéens en 70, incendié par les légions romaines, et la seconde fut la Shoah, perpétrée par les nazis allemands.
Tout en respectant profondément et avec amour la totalité de l'histoire juive et des traditions juives, au fil de ma démarche kabbalistique, c'est au seul judaïsme toraïque, lévitique et sadducéen que j'adhère (cfr. mon "Pensée hébraïque" - Dangles - 2009).
J'assimile les Talmuds et la littérature talmudique à un corpus de grande valeur historique et intellectuelle, mais sans aucune valeur ni sacrée, ni religieuse, ni normative.
Je rejette en vrac toutes les croyances pharisiennes et rabbiniques en, répétons-le, la venue d'un Messie, l'immortalité de l'âme, la vie après la mort et la résurrection des morts.
Je refuse cette récente pollution dualiste, idéaliste et platonicienne du Judaïsme, et j'en retourne au monisme naturaliste de ma tradition spirituelle originelle, élitaire et aristocratique, ésotérique et initiatique, des prêtres et des prophètes du Temple d'Israël.
Marc Halévy, Le 08/03/2012
[1] La Torah fut rédigée dans l'alphabet hébreu classique carré ramené de Babylone. C'est aussi à ce moment que furent "réinventées" les trois premières époques (livres des Juges, des Rois et des Chroniques) sur base de vagues traditions orales et de sources variées
[2] Dans le monde chrétien, ces trois modalités correspondent, respectivement, à l'Orthodoxie, au Catholicisme et au Protestantisme.