La gauche et la vertu
La gauche entretient fallacieusement, frauduleusement, à plaisir et dans son plus grand intérêt, une confusion sémantique sur bien des notions clés du vocabulaire philosophique, économique ou politique.
Ainsi de l'humanisme qui est une doctrine philosophique faisant de l'homme le centre, le but et le sommet du monde, et n'a strictement rien à voir avec le fait de traiter autrui avec respect et bienveillance, avec humanité.
Ainsi du capitalisme qui est une doctrine économique prônant le financement des entreprises privées par des capitaux privés, et n'a strictement rien à voir avec la cupidité éhontée et cynique de la spéculation financière.
Ainsi du libéralisme qui est une doctrine politique voulant réduire l'Etat - et toutes les institutions de pouvoir - à sa plus simple expression, et n'a strictement rien à voir avec le refus de règles éthiques fermes ou avec l'abandon de l'homme à ses instincts les plus bestiaux et sauvages.
Ainsi de l'égalitarisme qui est une doctrine éthique imposant un principe artificiel d'égalité entre des humains fondamentalement différents entre eux, et n'a strictement rien à voir avec la justice qui vise l'équité et la justesse dans le règlement des différends.
Ainsi du solidarisme qui est une doctrine sociale imposant à chacun d'être financièrement solidaire avec tous, et n'a strictement rien à voir avec l'altruisme qui prône une entraide sélective, librement choisie.
Ainsi de l'universalisme qui est une doctrine idéologique rejetant toute forme de différencialisme, de particularisme, de régionalisme ou de communautarisme, et n'a strictement rien à voir avec une authentique tolérance refusant tout ostracisme mais affirmant une identité légitime.
Autrement dit, sur ces exemples - et il y en a des centaines d'autres -, une confusion est
sournoisement entretenue entre des principes idéologiques particuliers et des vertus sanctifiantes générales. Cette tactique gauchiste est, malheureusement, ancienne et crapuleuse, basée sur l'aphorisme de Talleyrand : "Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose".
Depuis toujours - et l'exemple des Robespierre, Danton, Marat ou Saint-Just est éclairant en ce sens (Lire : "La force du sexe faible" de Michel Onfray) -, la gauche a posé, comme principe inaliénable et définitif, qu'elle incarnait le peuple entier et la vertu suprême. S'opposer à elle, c'est donc "évidemment", s'opposer au "peuple" et à la "vertu", donc être, selon la vulgate sartrienne, un "salaud".
Il est dès lors "indiscutable" que tout ce qu'elle fait, notamment les clientélismes et bidouillages électoralistes, les assistanats débiles ou la dilapidation éhontée des finances publiques, ne peut être condamnable puisqu'il en va d'un bien commun et d'une vertu suprême que les "salauds" ne peuvent ni ne veulent comprendre. Vertu outragée, donc …
Les résultats de la présidence de Hollande ne sont-ils pas remarquables et tellement au-dessus de toute critique possible ?
Marc HALEVY, 15 mai 2016.