Critique de l'étatisme
L'Etat n'est pas la Société. L'Etat est une institution artificiellement créée pour "gérer" la Société ou, à tout le moins s'il n'est pas totalitaire (qui gère le "Tout" de la Société), pour gérer (optimiser, donc) certaines dimensions de la Société, dimensions dites "sociales" ou "publiques".
Le hic est que la "Société", cela n'existe pas non plus. Il n'existe que des Personnes et des communautés vivantes de Personnes qui mènent leur existence comme elles croient devoir ou pouvoir le faire.
C'est une erreur monstrueuse de croire que, parce que quelque chose est approuvé par la "majorité", ce quelque chose est "bien" ou "positif" ou "acceptable".
N'oublions jamais que Hitler et la plupart des tyrans sanguinaires ont été élus (et souvent réélus) à la "majorité", très démocratiquement. Le cas de Donald Trump aux USA est similaire.
Une majorité de crétins ne peut approuver que des crétineries, soit parce qu'elle est bête et stupide, soit parce qu'elle est manipulée (par des démagogues ou des médias) !
La démocratie au suffrage universel est donc une monstruosité, certes moins monstrueuse qu'une autocratie ou une dictature totalitaire et sanguinaire, mais une horreur néanmoins.
Il n'y a jamais eu de "contrat social" signé librement par les parties en présence. Il n'y a qu'un diktat étatique imposé à tous de la naissance à la mort.
Cette notion de "contrat social" imaginée par le fumiste Jean-Jacques Rousseau est une totale arnaque.
L'Etat, qui s'est arrogé le monopole de la violence, en prétextant sa lutte contre la misère et la souffrance, soutient la "caste parasitaire" (cfr. Murray Rothbard) en spoliant et en rançonnant, systématiquement, les "castes productives".
La "caste dirigeante" (les politiciens et les hauts fonctionnaires) ne préservent leur pouvoir que par l'acquiescement ou la résignation de la majorité qui est, en fait, son seul soutien.
Cet acquiescement ou cette résignation est affaire d'idéologie et d'idéologues qui forgent artificiellement l'opinion en assénant que l'Etat est indispensable et doit être indispensablement puissant afin que chacun puisse bénéficier des retombées de cette puissance artificielle et spoliatrice.
L'Etat se définit à partir de ses Frontières géographiques, tracées par l'Histoire comme cicatrices de guerres passées. L'Etat, même le plus démocratique, est l'héritier directe de Frontières tracées par une ancienne tyrannie.
Ces Frontières définissent un Territoire national ; à l'intérieur duquel vivent des gens (totalement étrangers les uns aux autres en dehors de leur communauté vécue) qui sont censés composer le Peuple.
Le binôme "Frontières plus Peuple" engendre le mythe de la Patrie qui engendre l'illusion de la Nation. Alors la Nation implique l'Etat comme puissance régulatrice du tout, et l'Etat affirme sa puissance par la Force qu'il s'octroie d'office à savoir : les forces de l'Ordre, la force des Lois et les forces de l'Armée.
Ainsi, la boucle est bouclée !
L'Etat ne survit qu'en s'appuyant (d'une manière ou d'une autre, électoralement ou non) sur la majorité de ses ouailles ; il doit donc réduire, sinon à néant, du moins au silence, toute personne ou minorité clamant son illégitimité. Préventivement et propédeutiquement, il faut donc, dès le plus jeune âge, inculquer le civisme sous le prétexte fallacieux d'apprendre l'éthique.
C'est là tout l'art de faire se confondre la "civilité" (le fait d'être un bon citoyen) et la "politesse" (le respect de l'autre, le fait de se montrer "poli" et non pas "rugueux").
L'Etat doit absolument maintenir (par la manipulation, la séduction, l'argumentation ou la menace) un niveau minimal de confiance que les gens doivent avoir en lui, au risque, sinon, de voir monter les risques de séparatisme, de sédition ou de révolution. Aujourd'hui, un peu partout, cette confiance minimale s'étiole au vu de l'inefficacité des mesures de régulation collective dont l'Etat est censé être responsable.
N'oublions jamais que l'Etat, par sa propre souveraineté qu'il s'est lui-même octroyée, est devenu le seul juge de sa propre légitimité, de sa propre efficacité, de sa propre utilité.
L'Etat est son seul centre d'intérêt. Le principe en est : ce qui est bon pour l'Etat est bon pour tout le monde puisque l'Etat, c'est tout le monde.
N'oublions non plus jamais que l'Etat est un ensemble d'institutions mécaniquement incrustées les unes dans les autres. Parmi elles, existent un gouvernement et une chambre représentative qui, eux, sont élus. Mais le vrai pouvoir de l'Etat n'est pas ou peu dans les mains des élus ; il l'est beaucoup plus dans celles des fonctionnaires et hauts fonctionnaires qui, eux, ne sont pas élus. La réalité politique est telle que les gouvernements passent mais que les administrations (les fonctionnaires, donc) restent. L'Etat, c'est bien plus eux que les élus qui n'en sont que le masque ou le paravent, quand ils n'en sont pas que les faire-valoir ou les boucs émissaires.
Or, le seul vrai moteur profond de toute bureaucratie est de grossir, de s'arroger toujours plus de pouvoirs et de prérogatives, de gonfler sans cesse ses rangs. Et l'on arrive vite à cette conclusion : moins une bureaucratie est efficace, plus les élus sont acculés et plus il faut de fonctionnaires pour pallier les lacunes et les manquements.
Le monde humains est divisé en Etats juxtaposés ayant des relations entre eux.
Ces relations sont soit diplomatiques (y compris pour "réguler" les échanges financiers et commerciaux), soit belliqueux.
Les rapports entre Etats, comme ceux entre personnes, peuvent être amicaux ou hostiles pour diverses raisons, mais surtout idéologiques.
En conclusion …
Loin de moi l'idée de nier l'indispensabilité d'une régulation qui puisse protéger les collectivités des agissements néfastes et nocifs de certains. Ce qui est hautement critiquable, c'est le caractère étatique (démagogique, électoraliste, idéologique, fonctionnaire et bureaucratique) de cette régulation.
Pour le dire autrement, la notion même d'Etat s'inscrit dans le schéma mécaniciste des processus de régulation hiérarchiques et pyramidaux qui ne peuvent fonctionner que dans un monde et un milieu élémentaires. Un monde complexe comme le nôtre, aujourd'hui, rend ce type de régulation inopérant et condamné à l'échec. Le mode bureaucratique est obsolète.
Le modèle pyramidal et hiérarchique doit être remplacé partout par un autre modèle de régulation fait pour les milieux complexes : le réseau dense et l'autonomie positive. Ainsi, les Etats-Nations européens sont condamnés à disparaître au profit d'une continentalisation (une Union Européenne unifiée, unitaire et unitive, par exemple) régulant globalement un réseau dense de petites régions socialement et économiquement autonomes.
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