La tradition est incompatible avec les opinions.
La tradition est incompatible avec les opinions.
La tradition est vivante, elle est donc fragile et ne supporte aucune chirurgie esthétique.
Comme une vieille gentilhommière qui est ce qu'elle est, on choisit de l'habiter, ou pas. Si on la choisit, on la garde comme elle nous garde ; on l'entretient comme elle nous entretient ; on la répare si besoin en est, en la respectant et en en préservant l'intégrité et l'authenticité ; et on n'en discute ni le plan, ni l'aménagement, ni les matériaux ; elle doit demeurer intacte ; les opinions des uns ou des autres concernant la demeure n'ont aucun intérêt : "ah, ce serait bien si …", "ah, il faudrait que …", "oh, si on changeait ça …", "ah, si on modernisait ceci …", "et si on abattait ce mur …", "si on perçait telle nouvelle porte", "ah, ce mur d'enceinte, mettons le à bas pour nous ouvrir vers le monde de la médiocrité …".
Non ! La demeure doit demeurer ce qu'elle est. Elle doit être et rester intemporelle parce qu'elle est, précisément, la porte qui s'ouvre vers l'intemporalité ; elle n'a rien à fiche des opinions humaines : elle en a entendu tellement au fil des siècles. La tradition, parce qu'elle doit être intemporelle, se rit des théories humaines, se moque des rêves de "progrès", se gausse des modes idéologiques ; elle est tellement au-dessus de ces billevesées.
Et si la demeure qu'est la Tradition ne vous sied pas, n'y venez pas ; et si elle ne vous sied plus, allez habiter ailleurs, dans cette hideuse tour de béton, d'acier et de verre que vous croirez "moderne" et qui, dans trente ans, sera désertée au profit d'une autre tour, encore plus hideuse, encore plus inutile.
Mais je vous interdis de donner à votre gratte-ciel immonde, le nom de notre gentilhommière ancestrale. Ce serait la profaner.
*